Réflexions sur la guerre, le mal et la fin de l'histoire
de Bernard-Henri Lévy

critiqué par Jules, le 3 décembre 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un livre à lire !...
Ce livre est, d'abord et avant tout, un assemblage des différents articles que Bernard-Henri Lévy a publiés dans la presse française au long de plusieurs années de voyages à travers le monde. Ces voyages lui ont permis de voir ce qu’étaient ces " guerres lointaines " d'Afrique, du Sri Lanka, d’Afghanistan et d'ailleurs.
BHL a rajouté une préface à son livre suite aux événements du 11 septembre. Il condamne bien sûr totalement ce qui s'est passé ce jour là et il la termine en nous parlant des kamikazes et pose une question de fond : " vous nous avez ignorés vivants, nous voici morts ; vous n’avez, de cette mort, rien voulu savoir tant qu'elle se produisait chez nous, nous la jetons à vos pieds, dans le brasier qui vous consume ; nous étions des vivants invisibles, nous deviendrons des suicidés visibles "
Ce livre contient tellement d'idées et de questions importantes, et même fondamentales, qu’il m'est impossible ici de les évoquer toutes !
Au long de ses articles, BHL nous parle des différentes visions de l’Histoire à travers les pensées de Hegel, de Sartre, de Nietzsche et d’autres, pour dire plus loin que, sous le coup des champs de batailles qu'il a traversé, toute sa philosophie lui a semblé dépassée, morte, inerte… Il nous parle aussi de la guerre vue par des écrivains comme Proust, Cocteau, Giono, Céline, Malaparte et Dorgelès. C'est en finale la vision célinienne qui l’emporte dans son esprit. Celle de l’horreur, de l’homme livré aux pires tourments, aux pires cruautés, aux pires atrocités.
A nos yeux, une cause juste est celle que nous pouvons comprendre, mais sommes-nous capables de les comprendre ? Sommes-nous capables de nous mettre dans la tête de l’autre ?
Il n’empêche qu'il reproche bien souvent aux politiques de ne pas tenter de comprendre et de ne pas chercher à soutenir le bon combat plutôt que l’autre.
Il aborde le sujet du " juste combat " par rapport à la mort " pour la mort ".
Dans le ghetto de Varsovie, par exemple, les révoltés estimaient la situation insupportable et se sont battus contre elle, mais avec une autre vie comme espoir possible, aussi mince soit-il. Le kamikaze veut tuer et mourir, la mort devient son objectif.
Qu'est l'individu dans l'Histoire et quelle Histoire ?. Y a-t-il d'ailleurs une Histoire pour tous ?. Lui aussi a parfois la nostalgie de ce qu’il appelle " les grandes guerres ", celles d'avant, celles dans lesquelles l'homme savait pour quoi il combattait. Mais en Angola ? Au Rwanda ?… Mourir pour rien est encore pire !…
S’il ne renie en rien l’utilité des ONG, ainsi que celle des dons faits par ceux qui les soutiennent, il regrette que celles-ci contribuent aussi à donner une bonne conscience aux pays riches et loin des guerres. Et surtout que ces dons, libérant la culpabilité, aboutissent à permettre aux politiques de ne pas chercher à résoudre les questions de fonds empêchant ainsi les conflits d’éclater. Il en profite pour aborder les notions de " droitdlommisme " et de " vitalisme ", théories qui ont pour effet de dire que tous les hommes ont les mêmes droits d’être secourus, en tant qu’hommes. Mais cela a pour effet de banaliser le mal et de considérer que chaque partie au conflit a autant de droit que l'autre. Et cela alors que l’un a été le tortionnaire et l’autre la victime. On ne fait plus de différences.
Quels sont les dangers qui menacent l'Histoire de l'Occident ?… Que faire pour tenter d'y porter remède ?. Bien d'autres problèmes sont encore abordés dans ce livre qui tente d’aller plus loin.
Je ne peux que vous conseiller de le lire, si ces problèmes vous intéressent. Ce livre me semble essentiel pour tenter une réflexion plus en profondeur !
En plus, il se lit avec passion.