Les Carnets de Douglas
de Christine Eddie

critiqué par Calepin, le 14 mars 2009
(Québec - 43 ans)


La note:  étoiles
Une poignante douceur
4e de couverture : Le même jour, deux adolescents parviennent à fuir un destin qui les aurait emmurés. Ils se trouvent, deux ans plus tard, à Rivière-aux-Oies, un village beaucoup trop discret pour figurer sur une carte. Au cœur de la nature généreuse et sauvage, ils s’aiment, à l’abri des rugissements du vingtième siècle. Jusqu’à ce que la vie, comme d’habitude, fasse des siennes. Fondu au blanc.

Les années passent, Rivière-aux-Oies se métamorphose avec, en arrière-plan, une révolution à peine tranquille et le saccage des bétonnières. Une famille singulière s’improvise, malgré les ragots et en dépit des blessures. Dans la maison du docteur, les liens se tissent avec tendresse. Un médecin au cœur rafistolé, une institutrice au nom imprononçable et une enfant surgie des bois vont peut-être permettre à Douglas d’entendre enfin la réponse du vent.

Une passion comme au cinéma, qui se déploie à l’ombre d’un arbre, d’une clarinette et de la beauté fragile du monde.

Mon avis : Ah... je suis rarement touché par un roman. Non pas qu'on peut le trouver beau, bien écrit ou sensible. Non. Cette fois, il n'y a eu rien de tel. Je l'ai senti.

Ce roman est aussi doux que sa prose. Les émotions s'incrustent tel le vent dans les feuilles, doucement, lentement. Troquent les coups de béliers et les hurlements que l'on voit souvent aujourd'hui pour quelque chose de différent. Une voix qui ne cherche pas à se complaire dans l'esbroufe ou l'explosion primaire. Simple, imagée. Comme une musique dans les bois.

Et cet arbre qui prend une place si importante dans le récit, où provient l'appartenance d'une jeune fille qui bruisse de vie. Je ne me serais pas attendu à voir le destin que l'auteur réserve à ce mélèze. Je ne me serais pas attendu à y trouver une symbolique encore plus forte. Non, honnêtement, c'est le meilleur livre que j'ai lu depuis longtemps.
Mitigé 7 étoiles

L’écriture de ce roman est fort jolie. Des phrases simples dans un style clair qui forment des petits chapitres bien définis. Si le début de l’histoire - qui raconte un désir de liberté - comporte un certain attrait mystérieux, la suite se transforme en romance à l’eau de rose. J’ai eu de la difficulté à m’attacher aux personnages, peut-être parce que la trame s’apparentait plus à la fable qu’au roman.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 6 mai 2012


Love Story provincial 6 étoiles

Les carences parentales encouragent souvent les jeunes à fuir leur famille. Ceux de ce roman quittent leur milieu pour un coin isolé du Québec, soit Rivière-aux-Oies, un village fictif de 823 habitants. C'est la tendance de croire que la campagne soit un havre de paix.

Romain Brady, 18 ans, s'y réfugie, notamment dans une forêt que découpe une rivière poissonneuse. Il communie à la nature généreuse et sauvage de ce bled perdu, qui revêt, au cours du temps, une importance capitale quand se joint à lui Éléna Tavernier. Ayant fui un père violent, elle a déniché un travail auprès d'une apothicaire qui l'a instruite de son savoir. La rencontre fortuite de ces âmes blessées conduit à un amour idyllique, soumis aux aléas de la finalité.
Le spectre de la mort attend au détour tous les cœurs afin de les plonger dans des deuils inconsolables. À la naissance de l'enfant du jeune couple, le glas a sonné pour la parturiente. La consternation s'empare du mari, trop affligé pour s'occuper de sa fille qu'il confie au médecin du village, un vieux célibataire sensible, qui n’a pas à dire comme dans Love Story : « Je suis désolé. »

Pour cacher sa véritable identité, Romain Brady s’est rebaptisé sous le nom de Douglas Létourneau. Douglas en rappel du pin géant et Létourneau pour l'oiseau aux plumes échevelées qui évoquent sa tignasse d’homme des bois. Le départ de sa tendre moitié pour l'au-delà provoque le sien vers d'autres cieux, où il « s'essouffle à parcourir la terre, à l'affût de quelque trésor qui console ». Le seul lien qu'il ait trouvé pour ne jamais quitter sa fille, ce sont les carnets du titre qu'il lui expédie pour lui « offrir la beauté du monde », afin de la guider doucement vers la lumière, « lumière toujours tamisée » aux quatre coins de notre ronde hémisphère.

Le roman jette un regard sur notre monde teinté de gris et de rose. La nature est un baume, mais, malheureusement, il n'est pas curatif. L'appât du gain déboise nos forêts, le modernisme transforme les rues tranquilles en boulevards commerciaux, comme le rappellent les Colocs avec leur chanson La Rue Principale :
L'aut' jour j'ai amené ma bien-aimée
Pour y montrer où c'est que j'étais né
Quand j'y r'tourne ça m'fait assez mal
Y'é tombé une bombe su'a rue principale
Depuis qu'y ont construit le centre d'achat

Ces éléments à peine abordés donnent un récit kitch agrémenté par l'amour de la musique. C'est beau, c'est généreux, mais c'est un Love Story de province pour les couventines.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 1 février 2012


Très belle histoire! 8 étoiles

C'est vraiment bien écrit. Ca emporte le lecteur vivre dans la nature avec Romain et Eléna.

J'aime beaucoup cette histoire d'amour plus forte que tout. Cette famille est exceptionnelle car malgré les diverses épreuves qu'ils vont devoir affronter, la seule chose qui passe avant tout c'est l'amour. La petite fille va avoir la chance d'avoir quatre personnes dans sa vie qui vont l'aimer plus que tout et se donner corps et âmes pour qu'elle soit heureuse.

On y découvre aussi la vie d'une village éloigné avec les ragots qui s'y propagent assez rapidement et qui deviendra ensuite une ville moderne.

Ce que j'apprécie beaucoup dans ce livre c'est que l'histoire n'est pas niaise. Elle raconte des événements très durs mais qui ne vont pas désunir les personnages principaux.

Vraiment beau. C'est pas le meilleur livre que j'ai lu cette année mais il restera quand même un beau souvenir.

A découvrir!

Lalie2548 - - 39 ans - 29 octobre 2010