N'oublie pas d'être heureuse
de Christine Orban

critiqué par BONNEAU Brice, le 14 mars 2009
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Doit-on renier ses origines pour plaire ?
Si cet énième roman de Christine Orban n’est officiellement pas autobiographique, il est difficile de ne pas songer qu’il puise toute son âme dans la jeunesse de son auteur, dont le parcours personnel trouve un vaste écho dans les aventures de son personnage. Christine Orban est née et a grandi au Maroc, à Casablanca, et est partie étudier le droit à Paris, où elle est restée vivre et travailler, avant de quitter le monde du droit pour se consacrer à l’écriture.

Comme elle, Marie est née au bord de la mer, à Fédala, dans un pays qui ne dit jamais son nom, mais qu’on apprend être « côte atlantique ». C’est là que, sans frère ni sœur, elle grandira avec ses deux parents, sa cousine Fifi, un chien et un cheval. A ses côtés, son amie d’enfance Sonia, avec qui elle joue sur les bords de mer, et Bobby, son petit ami. A Fédala, « le ciel est toujours bleu, si bien que l’on ne s’en réjouit pas. Un bleu plat, sans surprise ». Un des rares évènements de la ville reste les visites de sa cousine Fifi, partie vivre à Paris à seize ans, dont les arrivées ne passent jamais inaperçues. Colorée, pimpante, Fifi fait l’éloge de la vie moderne et mouvementée d’un Paris qui fait rêver.

Elle embarquera avec elle Marie, qu’elle renommera Maria-Lila « parce qu’il faut garder la part du rêve dans un prénom », pour qu’elle fasse ses études à Paris. C’est là qu’elle prendra tout le sens du terme « snob » qui l’avait fait tant rêver lorsqu’elle l’avait entendu pour la première fois. En France, elle découvrira rapidement les joies et les fastes de la vie parisienne, mais aussi et surtout la séparation, la perte de ses repères.

Car c’est toute la beauté de ce roman de Christine Orban, de nous exposer sans fards le déboussolement d’une jeune fille perdue entre ses rêves et ses racines, qui regrette la simplicité des petites phrases de sa mère autant qu’elle les juge dénuées de philosophie. C’est aussi ces instants où elle repense à l’innocence de l’enfance, à Fédala, à ses jeux sur la plage et aux odeurs des plats de sa mère. Et quel supplice, cette rencontre avec Edmond, beau garçon issu d’une famille de la haute bourgeoisie, face à laquelle Marie devra faire ses preuves, et sera confrontée à un choix délicat : doit-elle renier ses origines pour plaire ? Un beau roman, sensible et sans détours, où la réponse à toutes ces questions se trouve tout simplement dans une phrase que lui répétait souvent son père : « n’oublie pas d’être heureuse ». Difficile de pas être d’accord.
snob ou pas snob ? 8 étoiles

De Fédala à Auteuil il y a un monde, qui sépare deux façons de vivre, de sourire (ou pas), d'aimer (ou pas). Ce gouffre, Marie, surnommée par snobisme Maria-Lila par sa tante Fifi, va le franchir en quittant le giron familial pour le Paris étudiant où elle va faire la connaissance d'un garçon "de la haute". Espoirs, cruelles déceptions, regrets d'une enfance choyée parsèment la vie de cette jeune fille fermement décidée à "réussir". Elle nous conte son passage d'une enfance marocaine toute de liberté à une jeunesse parisienne qui va l'amener à fréquenter une micro-société faite de conventions et d'interdits. Roman initiatique, écrit avec beaucoup de sensibilité, "N'oublie pas d'être heureuse" nous fait partager, le temps de la lecture, la vie et les sentiments de personnages attachants, la narratrice bien sûr, la tante Fifi, qui pleure dès qu'elle entend "la Marseillaise", mais aussi et surtout Sofia, la lumineuse amie d'enfance. Une fine analyse psychologique, et un beau travail d'écriture…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 22 septembre 2013


Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve comme le disait Gainsbourg 8 étoiles

Beau livre nostalgique même s'il y a quelques longueurs - J'ai été touchée par l'écriture de Christine Orban, auteur que je ne connaissais pas.J'ai acheté ce livre car son titre "N'oublie pas d'être heureuse" m'a interpellée, la recherche du bonheur étant un thème universel. Même si on comprend très bien le fait que Marie-Lila, perdue dans sa petite ville de Fédala ait envie de voir et de découvrir autre chose elle finira elle aussi, par se rendre compte que l'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs et qu'elle est passée à côté du bonheur sans s'en rendre compte.

Monde imaginaire - Bourg La Reine - 51 ans - 6 octobre 2011