Les ombres silencieuses
de Mari Jungstedt

critiqué par BONNEAU Brice, le 14 mars 2009
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Un thriller sans mordant
Une heureuse expérience littéraire avec un polar suédois ne constitue pas une piste de départ pour établir une généralité. C’est, en somme, ce qu’on retiendra de ce roman de Mari Jungstedt, ancienne journaliste et productrice télévisée suédoise, qui avait fait une entrée pourtant remarquée avec Celui qu’on ne voit pas (Plon, 2007), qui annonçait une série de polar réussis.

C’est sur l’île de Gotland que se déroule cette histoire peu banale, où le corps sans vie d’un ancien photographe de presse, devenu marginal et alcoolique, est retrouvé dans sa chambre noire. Les premières constatations laissent à penser que l’homme a été assassiné, et rapidement, le commissaire Knutas et son équipe se lancent dans l’enquête.

En marge, la petite Fanny vit une liaison ambigue et dangereuse avec un homme bien plus vieux qu’elle, jusqu’a ce qu’elle disparaisse. Une fois encore, mais avec l’aide de la police criminelle venue du Stockhölm, la police locale sera chargée de l’enquête afin de retrouver la jeune adolescente avant qu’il ne soit trop tard. Sur place, Johan est dépêché par son journal pour couvrir les enquêtes, et il en profitera pour tenter de se rapprocher de celle dont il est l’amant, et avec qui il espère fonder une famille. Mais sur une île, comme dans un whodunnit, les coupables ne sont jamais bien loin, difficiles à démasquer.

Séquencé comme un thriller à l’américaine, avec des chapitres courts d’une à trois page, Les ombres silencieuses adopte une recette qui fait fortune dans le genre, transformant le livre en un véritable film, avec découpage des scènes et action permanente. Sauf que, avec Mari Jungstedt, le découpage se fait sur des chapitres sans rythme, l’histoire manque de mordant, et ne semble passionner ni ses personnages, ni ses lecteurs. C’est dommage, il y aurait pourtant de quoi faire un thriller de qualité dans ce décors (on pense évidemment à Arnaldur Indridason, l’islandais à l’origine de Jar City).
Soporifique... 3 étoiles

Je me suis efforcé de lire ce livre linéaire et sans grand intérêt jusqu'à la page 68... et j'ai laissé tomber. Tout est terne dans ce roman: les personnages, les paysages... l'histoire, quoi! Il y a tellement de livres passionnants qu'il ne faut pas hésiter à abandonner un bouquin soporifique. C'est le droit du lecteur et je l'utilise à l'occasion. Je possède la version Livre de poche No 32114, où l'on trouve, en exergue, un petit texte qui présente Mari Jungstedt comme étant "au premier rang des écrivains suédois de romans policiers." ...un peu fort de café, ne trouvez-vous pas? J'appelle cela de la fausse représentation.

Rick - Rive Sud de Mtl, Québec - 76 ans - 12 février 2013


Envahissant Gotland 7 étoiles

Sorti début mars au format poche au Livre de poche (ISBN 9782253127291), ce thriller de Mari Jungstedt nous entraîne sur l'île de Gotland. Une île sur laquelle le brouillard et le silence ont toute leur importance; c'est un monde à part qu'il est parfois difficile de pénétrer.
Le commissaire Knutas connaît bien l'endroit, il sait qu'il convient de le prendre par le bon bout car chacun aime cultiver ses secrets. C'est encore une fois le cas dans cette enquête. Un photographe qui fréquente le milieu des courses et pas mal de marginaux est retrouvé assassiné dans le local à vélo qui lui servait de labo photo à ses heures perdues. Une querelle entre ivrognes ou SDF? C'est ce vers quoi tendent les premiers éléments mais rapidement, Knutas réalise qu'il n'en est rien. Le gain important réalisé par le mort quelques jours plus tôt pourrait-il être le mobile ? Là encore, la piste s'essouffle rapidement.
Anders Knutas met les pieds dans un engrenage qui vont le conduire très loin, d'autant plus qu'en même temps, une jeune fille disparaît et qu'il ne s'agit pas d'une simple fugue mais d'une histoire beaucoup plus sordide.

Un roman efficace, bien mené, avec ce qu'il faut d'insistance sur les paysages désolés et les ambiances d'oubli pour donner du corps à l'ensemble.
Et une différence par rapport à d'autres romans scandinaves, c'est que Knutas est un type bien dans sa peau, sans soucis apparents, sans démons qui l'assaillent ou autres caractéristiques du genre qui agrémentent souvent la littérature policière du nord, de manière très efficace d'ailleurs.
Ici, nous sommes en présence d'un héros qui pourrait se la jouer à l'américaine sauf qu'il n'utilise pas de gros bras, de bagnoles hurlantes ou d'escouades de génies policiers qui le suivraient partout. Il reste un type discret qui fait bien son boulot, réfléchit intelligemment et agit quand il le faut, où il le faut. De quoi rendre la lecture plaisante, même si un brin linéaire. C'est une mélange réussi entre divers genres policiers et ça se lit avec une aisance et un plaisir certains.

Sahkti - Genève - 50 ans - 20 mars 2011