Une taupe chez Chirac, la vie secrète de la Mairie de Paris
de Christian Lançon

critiqué par Bercegol, le 2 décembre 2001
(Paris - 67 ans)


La note:  étoiles
Mousquetaires pas morts !
.Je me demande bien par quelle lubie Christian Lançon, ou son éditeur, ont cherché à faire passer ce livre pour un ouvrage d’investigation, genre que je hais.
"Une Taupe chez Chirac" n’a rien à voir avec cela, c'est un récit d’aventures et d'amitié mené à un train d’enfer, où l’action et l’humour se mêlent en un cocktail détonnant. L'histoire (authentique) est superbe. Nous sommes à la fin des années 1980. Un jeune homme, l'auteur lui-même, a trois amis qui, chacun, ont fait un tour de piste dans la carrière administrative, le temps d’y créer une panique monstre. L'un est le fameux juge
Jacques Bidalou, dont les exploits n'ont pas fini de hanter les couloirs de la chancellerie : il convoqua, par exemple, l’Assemblée nationale au grand complet pour témoigner dans un procès, ou encore lança un mandat de perquisition contre le ministère de la Justice ! Il y a aussi Guy Grall, inspecteur du Fisc, qui porta plainte pour corruption contre le directeur général du fisc et son état-major au grand complet. Le troisième est un mystérieux " Tiburce ", universitaire de son état, spécialiste des opérations " coup de poing ". Christian Lançon,
qui retrouve ses trois bouillants amis, tous les mois pour de mémorables " dîners de mousquetaires ", décide de se jeter à son tour dans la mêlée :
il se fait embaucher à la mairie de Paris. Cela nous vaut un récit haut en couleurs, tantôt roman d'espionnage, tantôt satire courtelinesque, mené avec une maestria incroyable. Le ton est vif, pétillant, enlevé : cela nous change du jargon ou du style anémique de la plupart des ouvrages contemporains.
Je peux bien évoquer la fin, puisqu'elle fit en son temps la une des journaux : Christian Lançon réussit le tour de force de se faire confier les dossiers du gratin logé (à prix d'amis) par la mairie de Paris. En les jetant en pâture à l'opinion, il provoqua un séisme à l’Hôtel de Ville. Mieux encore, un de ces locataires privilégiés, Alain Juppé, étant Premier ministre en exercice, le coup d'éclat de Christian Lançon mit en péril le gouvernement et fit plonger la Bourse.
Mais, j'insiste sur ce point,
cette écume politico-médiatique, les anecdotes croustillantes sur telle personnalité que l'on savoure au détour d’une page, cela nous est donné " en plus ". Le cœur de l’ouvrage, c'est l'aventure de quatre mousquetaires des temps modernes, qui se sont donné pour mission de réveiller à coups de cravache une époque assoupie. Le jeu est dangereux, —l’un des quatre y laissera la peauÑ, mais, à y bien réfléchir, n'est-ce pas la seule occupation digne d’une âme bien née en ces temps infâmes ?
Au galop des mousquetaires 10 étoiles

C'est aussi subversif que du Jean-Edene Hallier et
aussi désopilant que du Courteline. Et, en plus, on apprend plein de chose, sur la mairie de Paris, certes, mais aussi sur les moeurs du Palais de Justice, sur le racket fiscal, sur le suicide de Bérégovoy, sur les deux compères Mitterrand et Pelat. Ces mousquetaires-là sont les dignes successeurs de ceux de Dumas. Même entrain à botter le derrière des médiocres, même attirance pour les causes généreuses, même fougue et même panache. En garde, Messieurs !

Gaelle - Paris - 41 ans - 16 janvier 2002


Ca, je ne peux vraiment pas rater ! 8 étoiles

"Les Trois Mousquetaires" m'ayant vraiment donné la passion de la lecture je me dois de lire ce livre que je vais acheter aussi sec !... En plus, Chirac est un personnage qui ne me laisse pas indifférent.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 5 décembre 2001