Sanguinaire engrenage
de Stephan Anderson

critiqué par ArzaK, le 28 février 2009
( - 46 ans)


La note:  étoiles
Délicieux engrenage...
John Buck est un flic new-yorkais. Lassé de sa femme devenue, selon ses dires, une grosse truie informe, hérissé par la relation trop maternelle qu’elle entretient avec leur fils Richard, dix ans, il décide de se débarrasser d’elle avant que le rejeton ne devienne une lopette intégrale. Avant de débiter le corps de sa dulcinée en petits morceaux, il prend soin de la saigner et de récupérer la moindre goutte d’hémoglobine. Celui-ci servira de fortifiant à son fils afin qu’il devienne un homme. John Buck fait alors croire à son entourage, Richard, ses collègues, sa voisine, que son épouse, mère de famille indigne, a quitté le nid familial du jour au lendemain sans laisser d’adresse, pour vivre une passion amoureuse avec un homme fortuné. Le mensonge est gros, mais il passe. De son côté, jour après jour, son fils devient de plus en plus fort, de plus en plus violent aussi. Comble de l’ironie, il ressemble de plus en plus à sa mère…

Et bien, on pourra me dire ce qu’on veut de la collection Gore, on pourra blâmer ses couvertures criardes et sanguinolente, la qualité relative des textes publiés… Pour ma part, c’est le sixième titre de la collection que je lis et c’est le sixième titre que j’apprécie ! Il est vrai que j’ai abordé cette collection de manière prudente, choisissant des auteurs que j’appréciais par ailleurs (Andrevon, Arnaud), mais ici, je viens de découvrir un auteur dont j’ignorais tout, si ce n’est que, malgré un pseudonyme anglo-saxon, il s’agit d’un français. A ma connaissance Stephan Anderson n’aurait écrit que ce seul roman… J’ai du mal à le croire, tant celui-ci est maîtrisé. Peut-être ce nom cache-t-il un écrivain bien connu qui a préféré se cacher ? Brice Pelman es-tu là ? Cela ne m’étonnerait qu’à moitié… En tout cas Sanguinaire engrenage est un roman qui sait à la fois correspondre exactement à ce que l’amateur attend d’un roman de la collection Gore (du sang, des boyaux, de la rate et du cerveau…) et qui sait en même temps surprendre le lecteur, avec un humour noir, une ironie constante et un sens de la transgression catharsique parfaitement assumé. On se plait à voir ce héros cynique, sans aucun état d’âme, tomber dans cet engrenage sanguinaire dans lequel, on le devine, il se voit vite obligé de commettre un autre crime pour couvrir le précédent. On se plait à se voir décrire la relation étrange qui se noue entre lui et sa vieille fille quinquagénaire, Mademoiselle Rose qui lui sert de voisine. Une relation aux dialogues courtois et compassé, entrecoupée par des épisodes sexuels qui frisent la débauche totale. Comme si on passait d’Harlequin à Marc Dorcel.

Mon verdict est sans appel : du grand art. Ce roman se prend à la première ligne et ne se lâche qu’à la dernière. Pour l’instant ma meilleure découverte dans cette collection finalement pas si peu recommandable que cela.
Un homme apprécié de tous 8 étoiles

« Rien ne vaut un bon vieux rasoir à main pour trancher une carotide… Penché sur la baignoire, il tenait la tête de sa femme par les cheveux et recueillait le sang dans un récipient. » Voici les premières phrases de ce roman Gore profondément immoral. Car, ici, point de justice, le personnage principal, protégé par sa bonne étoile, vient à bout de tous les obstacles.

John Buck est un flic new-yorkais qui, après dix ans de mariage, décide de se débarrasser de sa femme, la jugeant trop possessive à l'égard de son unique rejeton, d’une timidité maladive. Quotidiennement, John fait boire à son fils deux verres de sang provenant du corps de sa mère pour faire de lui un homme, un vrai. Le problème est que les effets de ce fortifiant vont dépasser les espérances de son père et se retourner contre lui…

La voisine de John, Mlle Jones, est une vieille fille quinquagénaire. Malgré la laideur de son visage et sa peau flasque, John la déflore. Ce sont ses deux seins curieusement fermes et ronds qui motivent le policier. Bonus, avec Mlle Jones (Rose), il ne risque pas d’attraper le Sida. Mais la bougresse en redemande. Après une période de frénésie sexuelle, John la rejette. Malheureusement, fouineuse et prenant de l’assurance, la vieille peau tient le policier par les c… Est-ce que John n’aurait pas oublié un détail ? Ne va-t-elle pas le faire chanter ? (du sexe ou le dénoncer). La réaction inattendue (et radicale) de l'officier de police, surprendra les lecteurs les plus blasés.

Contrairement aux apparences, Stephan Anderson est un auteur bien de chez nous. Malgré quelques facilités (le sérum de vérité), son style direct est efficace. Certaines scènes sont très gore. Notamment la façon dont le policier se débarrasse par petits morceaux du cadavre de sa femme. Mais finalement, l’absence totale de remords et les multiples mensonges vis-à-vis de son entourage sont tout aussi effrayants.

C’est un excellent roman Gore.

Kalie - Sarthe - 54 ans - 26 février 2012