L'Affaire du chevalier de La Barre, précédé de L'Affaire Lally
de Voltaire

critiqué par Le rat des champs, le 22 février 2009
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Indignation d'un juste
La collection Folio de chez Gallimard a eu l'excellente idée de publier les lettres que Voltaire a écrites à de nombreuses personnalités de son temps pour s'offusquer du sort abominable que la justice française a fait subir au général de Lally, décapité en place de Grève à Paris le 9 mai 1766, bien que la sentence eût été révisée quelques jours plus tôt par le parlement de Bourgogne, et surtout du sort particulièrement atroce du chevalier de La Barre, torturé et exécuté à l'âge de 19 ans, le 1er juillet 1766, pour avoir refusé de se découvrir devant une procession de capucins.

En ce qui concerne le chevalier de La Barre, toute l'affaire commença par une mutilation d'un crucifix placé sur un pont, probablement par une charrette transportant du bois. Il lui fut reproché d'avoir chanté des chansons libertines, d'avoir prononcé "des mots impies en parlant de la vierge Marie" et d'avoir parlé d'un dieu de pâte à propos de la communion, ce qu'avaient d'ailleurs dit bien avant lui Montesquieu et Fontenelle.

L'indignation de Voltaire est celle d'un homme droit et honnête: "Quelle religion, Monsieur, qu'une secte absurde qui ne se soutient que par des bourreaux!"

Après la mort atroce du chevalier, Voltaire n'eut de cesse que de la réhabiliter, notamment en publiant en 1775 le "Le Cri du sang innocent au roi très chrétien en son conseil", et le roi n'accordera sa grâce et la réhabilitation du chevalier qu'en octobre 1788, dix ans après la mort de Voltaire. Une grande victoire posthume contre "les barbares qui ont traité des enfants avec tant d'inhumanité."

Le chevalier de La Barre fut une des dernières victimes françaises de l'obscurantisme religieux, tout simplement parce qu'il eut le malheur de naître à une époque où la justice civile servait de bras armé à la religion catholique.