Socrate dans la nuit
de Patrick Declerck

critiqué par Ddh, le 21 février 2009
(Mouscron - 83 ans)


La note:  étoiles
Du courage dans la désespérance
Socrate, cet Athénien condamné à mort à boire la ciguë est le philosophe qui sert de fil rouge à Cornelius Van Zandt qui réfléchit sur sa destinée comme l’a fait Socrate lors de sa condamnation. Dans la nuit, cette nuit de l’au-delà vers laquelle tend le personnage principal atteint d’une tumeur cancéreuse au cerveau.
Patrick Declerck est bien connu dans les milieux sociaux. Il a écrit, à propos de la problématique des SDF, deux ouvrages : un essai, Les naufragés, et un pamphlet, Le sang nouveau est arrivé. Ici, rien de pareil, un roman, mais quel roman, que le lecteur n’oserait qualifier d’autobiographique. Socrate dans la nuit est présélectionné pour le 22ème festival du premier roman de Chambéry.
Cornelius Van Zandt apprend qu’il a une tumeur au cerveau. Il analyse froidement, avec ironie même, sa situation personnelle. Il retrace quelques faits marquants de sa vie, ses amours, ses aspirations, ses déceptions. Son entourage le soutient mais Cornelius, plutôt que de s’accrocher à quelque espoir, décharge sa bile sur ceux qui veulent l’aider, peut-être malhabilement mais avec beaucoup de bienveillance.
La désespérance du narrateur touche néanmoins le lecteur. On suit Cornélius pas à pas dans son itinéraire vers le néant avec en arrière plan la fin de Socrate. Socrate philosophe, Patrick Declerck tout autant. Ces deux maîtres renvoient le lecteur à ses opinions personnelles sur la maladie, la mort.
Patrick Declerck manie le verbe avec beaucoup d’habileté ; même les situations les plus osées ne choquent pas, enrobées qu’elles sont avec un niveau de langue des plus élégants. L’usage de mots savants rend parfois la lecture absconse, mais, après tout, l’utilisation du dictionnaire n’est pas un exercice réservé qu’aux potaches !