La Fessée : Questions sur la violence éducative
de Olivier Maurel

critiqué par Bleizmor, le 17 février 2009
(Bretagne - 53 ans)


La note:  étoiles
Mettons un terme à cette violence gratuite
Voici un livre à conseiller à tous les jeunes et futurs parents, à ceux qui rejettent la violence dans notre société, mais aussi et surtout à ceux qui désapprouvent cette violence et qui souhaiteraient s'en écarter, mais ne savent pas comment ou se croivent impuissants face à cette violence quotidienne.

Car en effet, l'auteur de ce livre, M. Maurel, montre que cette violence n'est pas une fatalité et explique notamment comment s'en défaire. Mais le plus important dans cet ouvrage est que M. Maurel ne culpabilise pas ses lecteurs, car il sait malheureusement, et statistiques à l'appui, que la plupart de ces lecteurs ont subi eux-même, consciemment ou inconsciemment, les fessées, gifles et autres bastonnades de leurs parents. Le but de ce livre n'est donc pas de nous faire porter le fardeau de la culpabilité, ni de remettre en cause l'amour que nous portons à nos parents, mais juste de montrer que cette violence n'est pas nécessaire, qu'elle fut amenée progressivement dans notre société (notamment par le biais des religions !), et que tout comme l'esclavagisme ou les violences faites aux femmes, il va falloir s'en détacher petit à petit.

D'autant plus que de telles violences ne favorisent pas du tout un meilleur apprentissage chez l'enfant, ou une meilleure éducation, bien au contraire : suite à des actes de violence, l'enfant va en subir des conséquences traumatisantes qui nuiront à son développement, et surtout, il risque ensuite de mimer ce même comportement et devenir violent à son tour.

Un des grands intérêts de ce livre, mis à jour en 2005, est de nous citer les résultats de recherches médicales les plus récentes, qui montrent clairement que toute brutalité envers un enfant, fut-elle une "simple" gifle ou une tape, laisse des séquelles physiques (lésions au niveau du cerveau) et psychologiques chez l'enfant. Comme le dit M. Maurel, nous ne pourrons plus dire que nous ne connaissions pas les conséquences de nos actes.

Enfin et surtout, il propose des alternatives simples à mettre en place pour une éducation sans violence de nos chers bambins., ainsi que de nombreux conseils provenant de parents ayant eux même cherché (et trouvé) des alternatives à cette violence.

La deuxième partie ne m'a pas paru indispensable, puisqu'elle relate l'état de la violence domestique et scolaire dans les différents pays du monde. Même si cela peut faire froid dans le dos, cette partie m'apparaît plus comme une (grosse) annexe rattachée à l'ouvrage de M. Maurel.

Sur la forme, ce petit livre est écrit de manière simple, claire, sous forme de questions-réponses, et de façon exhaustive, puisque M. Maurel aborde tous les sujets, même sensibles, concernant la violence envers les enfants.

Si vous aviez encore des doutes concernant les conséquences néfastes et traumatisantes de la violence envers les enfants, vous comprendrez vite qu'il nous faut abandonner rapidement ce comportement anachronique. Les mentalités évoluent progressivement, pour preuve plusieurs pays qui ont interdit les violences envers les enfants, tant à l'école qu'au domicile. Mais cette prise de conscience se fait malheureusement trop lentement.

Donc lisez ce livre; comprenez que cette violence envers les enfants est lourde de conséquences; ne vous culpabilisez pas, mais changez, ne serait-ce qu'un peu votre comportement; ... et conseillez ce même livre autour de vous.

Car, pourquoi appelle-t-on cruauté le fait de frapper un animal, agression le fait de frapper un adulte et éducation le fait de frapper un enfant ???

Extrait :
Mais considérer comme normal de frapper un être bien plus faible que soi ou accepter qu'il soit frappé prouve-t-il vraiment un bon équilibre intérieur ? Les hommes du passé qui trouvaient parfaitement légitime de battre les esclaves ou ceux d'aujourd'hui qui trouvent normal de battre leur femme sont-ils vraiment de bons modèles d'humanité ?
Aucun animal, si féroce soit-il, ne fait subir un tel traitement à ses petits pour les éduquer.
Contre la violence éducative ordinaire 7 étoiles

Le sujet m’intéresse car en tant que parent je n’ai pas pu faire autrement, à mon grand dépit, que d’utiliser la « violence éducative ordinaire », certes peu mais c'était déjà bien trop pour moi, car au fond de moi-même je réprouve profondément ces pratiques. Ce livre pose donc des questions, une en particulier, qui me met personnellement toujours aussi mal à l’aise : « pourquoi les enfants sont-ils le seul groupe social qu’il est admis de frapper aujourd’hui en France » ? Bien sûr, cet essai est uniquement à charge, aussi Olivier Maurel appuie là où cela fait mal et déroule sans faillir son discours contre la violence éducative ordinaire, sous forme de questions abordant l’histoire, le droit, la pédagogie….

Un des points faibles du livre est peut-être que les éléments scientifiques ou sociologiques qu’il avance ne m’ont pas semblé ni très nombreux, ni très étayés. D’ailleurs on subodore que l’auteur n’est pas très à l’aise de ce côté là car il pose lui-même cette question qu’on pourrait lui reprocher : « Ne faisons-nous pas la morale en croyant faire de la science ? ». La question n’est peut-être même pas forcément à poser : cette question de la violence éducative ordinaire, ne serait-elle pas aussi (et avant tout peut-être) une question de morale, presque philosophique ?

Je ne veux pas revenir sur le contenu du livre, relayé fidèlement par la critique principale. Je veux mettre par contre en avant deux réflexions qui m’ont paru très intéressantes. En premier lieu que l’enfant aurait une très forte capacité de mimétisme et donc qu’en tant que parents nous devons être le plus exemplaires possibles pour que l’enfant s’éduque en prenant modèle sur ses parents. Deuxièmement que la violence humaine (crimes, guerres…) pourrait être due à une violence éducative ordinaire. Cette violence éducative ordinaire en effet limiterait le développement d’une partie du cerveau qui est le centre de l’empathie et de l’altruisme. C’est une hypothèse extrêmement séduisante, un peu facile presque pour être vraie. J’ignore par contre si une étude psychologique et historique a pu la confirmer.

Ce livre est culpabilisant. En cela je lui résiste, mais je trouve difficile pour moi de réfuter la plupart des arguments avancés. Alors la question est évidemment « comment éduquer sans frapper » ? Comme je l’ai déjà dit, pour l’avoir vécu douloureusement en tant que parent, je trouve que cela est très difficile. Les « astuces » et les principes données par l’auteur ne m’ont pas complètement convaincu même si je suis fortement gêné au fond de moi-même par la pratique de cette « violence éducative ordinaire ». Cela pose également alors la question de l’éducation des parents : ne serait-elle pas nécessaire, au moins sous la forme de questionnement de sa pratique ?

Fanou03 - * - 48 ans - 25 avril 2022


L'indispensable 10 étoiles

Fervente anti-fessée que je suis depuis des années, avec à la maison une éducation non-violente toujours d'actualité, j'ai découvert ce livre au cours de mes études, et l'ai relu avec grand plaisir.
Ce livre est un indispensable pour tout parent (et aussi les autres) qui souhaite réfléchir sur la question de l'éducation non violente.
Toute société est fondée sur les rapports humains, et au XXIème siècle, il n'est pas trop tard pour envisager autrement l'éducation donnée aux enfants. Et au-délà, cogiter aux manières de communiquer entre semblables, autrement qu'en utilisant une quelconque forme de violence.
Dépasser un peu notre propre éducation et nos propres codes moraux.
Prendre du recul face aux formes de violence communes (et malheureusement communément acceptées, faute de mieux) et omniprésentes.
La fessée est si "facile", parler et expliquer aux enfants est un acte plus difficile mais nettement plus valorisant pour tout le monde, pas uniquement l'enfant.
C'est ce que tente de dire ce fabuleux ouvrage, humble, intelligent et qui fait du bien d'Olivier Maurel.



Didoumelie - - 51 ans - 19 août 2011