Lilith, et autres nouvelles
de Primo Levi

critiqué par Elouan.A, le 13 février 2009
( - 32 ans)


La note:  étoiles
Genre : Une odeur humaine
Primo Levi, notoire écrivain ayant vécu l'horreur concentrationnaire, écrit cette fois-ci un recueil de nouvelles.

Ces nouvelles ont toutes un point commun : elles sentent l'humanité. L'humanité, mais pas au sens mélioratif du terme, mais ces nouvelles dressent un portrait plus ou moins réaliste de l'humain. Tout d'abord dans une première partie qui semble véridique et qui relate les expériences à Auschwitz, puis des histoires fabulées par l'auteur, elles aussi inhérentes de l'humanité, et enfin des chroniques réalistes dessinant une fois de plus ce que nous sommes.

Ces nouvelles ont donc toutes quelque chose d'humain, à lire et à méditer, peut-être même à approfondir.
Aux sommets de la littérature 10 étoiles

Publié par Levi en 1981, soit quinze ans après son retour des camps de la mort, ce recueil de 33 nouvelles montre que l'art d'écrire de l'auteur s'est épanoui pour le hisser au plus haut niveau littéraire. Elles sont réparties en trois sections: "Passé proche", Futur antérieur", et "Indicatif Présent". Dans la première d'entre elles, Levi a regroupé des portraits de personnages rencontrés durant sa déportation. Ce sont des êtres rendus dans toute leur humanité par l'auteur, sachant au milieu des pires turpitudes conserver ce respect de l'autre que l'on aimerait rencontrer en toutes circonstances. C'est la grande leçon de ces histoires, qui permettent également à Levi de décrire par le détail le fonctionnement des camps, éclairant en particulier la corruption qui y régnait. Les deux autres sections relèvent de la pure imagination et s'établissent sur des thèmes très divers: chimie, science, fantastique, humour, etc. D'innombrables ouvertures sont présentes, comme le combat de modernes gladiateurs contre des automobiles, la fécondation d'une femme par le pollen de mélèze ou l'invention d'un vernis protecteur de la malchance. J'ai particulièrement aimé la dernière nouvelle: "L'âme et les ingénieurs". Le style de Levi reste sobre et mesuré pour dépeindre horreurs comme joies et bonheurs, mais j'y ai trouvé aussi des merveilles d'écriture. Il décrit ainsi le nez du pharmacien juif berlinois Wolf: " (son) nez juif fendait l'air brumeux comme la proue d'un navire" ou encore : "Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres nous en étions à un stade avancé de régression et d'endurcissement et nous avions tendance à voir dans tout "nouveau" un étranger, un barbare maladroit et encombrant qui fait perdre de l'espace, du temps et du pain, qui ne connaît pas les règles tacites de la vie en commun et de la lutte pour l'existence." Nombre de ces réflexions conservent une grande validité pour regarder notre monde actuel dans lequel on trouve heureusement des êtres se comportant comme ceux de la première section.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 18 avril 2021