La Mort propagande
de Hervé Guibert

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 2 février 2009
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Le corps sous toutes ses coutures
Publié grâce à Régine Deforges, les écrits de jeunesse de Guibert témoignent du talent futur de l’auteur et d’une imagination, ma foi assez délurée et provocatrice. D’emblée, un avertissement : ce ne sont pas des textes pour tout le monde.

La première partie est constituée de nombreux contes ou fables similaires à ce que Lewis Carroll nous a donné dans « Alice au pays des merveilles » Des saynètes éclatées avec des animaux et des enfants transitant dans des mondes étranges. Par la suite, les récits sont plus réalistes, tout en conservant un aspect morbide et fantasmagorique.

L’enfance et l’obsession du corps sont au centre de tous ces textes difficiles à catégoriser. De l’autofiction ? Du délire autobiographique ? Des fantasmes ? Les scènes sont compartimentées, souvent décortiquées dans le détail. D’ailleurs à deux reprises, Guibert fait un inventaire de ses déjections particulièrement répugnant. Mais, il ose. Il se met à nu, il dévoile les ombres des recoins sombres de son âme et s’arrache le cœur pour nous.

En dépit de cette vraisemblable absence de pudeur, l’émotion n’est pas au rendez-vous, car l’utilisation répétée de symbolisme, jeux de coulisses et envolées stylisées ne permet pas d’installer un lien d’intimité.

À réserver à ceux qui aiment sortir des sentiers battus.