L'inconnu sur la terre
de J.M.G. Le Clézio

critiqué par Henri Cachia, le 2 février 2009
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
Hymne à la Lumière en particulier et à l'univers en général
Près de 400 pages pour cet « inconnu sur la terre », qui pourrait être n'importe qui, n'importe quoi : un homme, une femme, le vent, le ciel, la mer, un insecte, un poulpe, une chose, n'importe laquelle. Durant ce voyage atypique de par son écriture, c' est un chant, une sorte d' « Ode à la joie » à la Lumière sans laquelle on ne verrait rien, que J.M.G. Le Clézio adresse à celle qu'il aime démesurément. Une véritable histoire d'amour. Avec la Lumière qui pourrait être sa préférée, disons, mais également à tous les autres éléments qui composent notre univers. J'ai eu l'impression que pas un détail n'avait été oublié.

C'est très étonnant que cet « inconnu sur la terre » soit, en quelque sorte, passé inaperçu en 1978, lors de sa création. Il relativise notre propre vie, et oriente de façon « plus sage » notre vision du monde. Je ne pense pas que Le Clézio soit un donneur de leçon dans ce texte, il se laisse aller à un délire verbal poétique qui est finalement un hymne à tous ceux qui sont nécessaires pour que la vie soit. Tout le monde est indispensable. Personne n'est inutile.

« Sur la terre, quelque part,à mes pieds, il y a un animal qui me fait douter de ma propre espèce.
Un insecte.
Petit, petit, quelques millimètres à peine, il court sur la terre de toute la vitesse de ses trois paires de pattes, sans me voir. Pourtant j'ai la taille de l'Empire State Building, que dis-je? Du Kilimandjaro. Quand je bouge un bras, il va à la vitesse d'un Boeing. Si j'allume une cigarette, c'est comme un hangar qui brûle, et comme la fumée d'un incendie de forêt. Si je parle, c'est le grondement des canons de guerre, le souffle d'un ouragan, les postillons d'une giboulée. Si je fais un pas en avant, c'est le bruit d'une avalanche et la vibration d'un tremblement de terre, et si je cours sur les chemins, c'est la fin du monde qui passe. »