La-Belle-est-venue
de Jacques Sadoul

critiqué par Maya, le 26 novembre 2001
(Eghezée - 49 ans)


La note:  étoiles
Voyage dans nos vies antérieures
Julien fait ce que l’on appel une NDE. Mort, il se détache de son corps et se voit entouré de médecins dans une salle de réanimation, puis il revient à la vie. Pour pousser plus loin cette expérience, il se rend chez Réka qui, par hypnose, va lui faire revivre quelques vies antérieures.
C’est ainsi qu'on le découvre jeune égyptienne, proche d'Akhénaton et de Nefertiti, puis pilleur de tombe. Cette dernière révélation intéresse très fort un archéologue car le pilleur de tombe en question déclare avoir découvert, au début du XXe siècle, la tombe de Nefertiti !
Grâce au double récit de Julien et Mérytrê (l’égyptienne), Jacques Sadoul nous fait vivre une quête archéologique peu commune. Le ton est enjoué, ce qui tranche assez avec le thème peu joyeux au départ de la vie après la mort. Une excellente surprise à tout point de vue.
chassés-croisés 9 étoiles

Julien a trente ans quand il est victime d'une crise cardiaque. Pendant les quelques minutes pendant lesquelles il est "mort", il se sent sortir de son corps et appelé dans un tunnel lumineux. Quand il se réveille, il accepte, plus ou moins contraint, à reproduire, via l'hypnose et la relaxation, à renouveler cette expérience et à explorer ses vies antérieures.
Meritré habite l'Egypte ancienne. Dans une sorte de journal intime, elle nous livre ses pensées et les évènements de sa vie. Entre autres, elle se réjouit du futur mariage de sa meilleure amie (qui sera connue plus tard sous le nom de "Néfertiti"). Elle se désespère aussi, car le promis, fils de Pharaon, est l'homme qu'elle aime.

Personnellement, je connais bien de Jacques Sadoul ses romans fantastiques (le cycle du Domaine de R. en particulier) et ses séries policières (notamment le cycle Carole Evans). Et bien, je trouve que cet auteur se débrouille également bien quand il se lance dans l'écriture de romans charmants et bien documentés !
La-belle-est-venue, c'est la traduction littérale de Néfertiti. Dans cet ouvrage, Sadoul a choisi d'entremêler les voix de Julien, jeune homme égocentrique et presque misogyne, et de Méritré, jeune femme de l'Egypte ancienne, qui fait revivre sous nos yeux l'époque troublée du règne d'Akhenaton et de Néfertiti (avec le culte d'un dieu unique, le "pouvoir" exercé par la souveraine, la guerre aux portes du pays etc…).
Si Sadoul utilise le "je" narratif pour faire s'exprimer ses deux personnages principaux, il n'y a pas de confusion possible sur le narrateur du chapitre : outre le contenu qui est fort différent, les passages qui concernent Julien sont drôles et rythmés, alors que le récit de Méritré, plus intime, est nostalgique.
Comme toujours, le récit est bien documenté, et le choix de faire parler deux personnages de deux époques si différentes est justifié par le déroulement de l'intrigue. Sadoul profite de ce roman pour développer sa conception du monde et que l'on trouve dans ses autres ouvrages, qui distingue l'âme immortelle (l'énergie) d'une part, et le corps (la matière), d'autre part.
Ce livre aurait pu être mièvre s'il avait été tourné différemment. Au final, c'est à la fois un roman d'aventures et un récit initiatique, avec un fond d'histoire d'amour, une incursion dans la vie égyptienne antique et quelques incursions dans le fantastique. Une jolie découverte !

"- Dites-moi, je parle souvent tout seul, c'est inquiétant ?
Pour la première fois, je vis le psy sourire, il secoua la tête :
- Moi aussi, mais ne le répétez pas."

Bien sûr que tout cela est vrai ! L'âme humaine – appelez-la intelligence, conscience, comme vous voulez – est une création extraordinaire, merveilleuse, unique ; comment peut-on croire un seul instant qu'elle retourne au néant au bout de quelques années ? Dans l'univers, rien ne se perd, rien ne se crée, la matière devient énergie et, au fil des millénaires, l'énergie devient matière. Tout se transforme, voilà le secret, relisez le Yi-King, le livre des transformations, les Chinois de l'époque de Confucius savaient déjà cela. Il ne faut pas se laisser abuser par les apparences de la fausse réalité.

Nous pleurâmes longuement dans les bras l'une de l'autre sans échanger une parole. C'était plus qu'une amie que nous venions de perdre, c'était notre jeunesse qui venait de prendre fin.

Il était buté, inutile de prolonger la discussion. A l'armée on parle de brute galonnée, je suppose qu'on doit pouvoir parler de brute diplômée. Le principe est le même, un dogme s'établit et tout le monde doit s'y conformer. Vingt dieux, quelle vieille momie que cet archéologue ! Je décidai de changer de sujet, sinon nous allions encore nous disputer.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 49 ans - 14 février 2014