Des yeux de verre
de Michel Marc Bouchard

critiqué par Sahkti, le 28 janvier 2009
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Les silences incestueux
Daniel est fabricant de poupées, un artiste internationalement apprécié qui vit pourtant reclus depuis quelques années, n'étant plus capable que de fabriquer le même modèle qu'il décline pour donner le change. L'inspiration n'est plus là. La cause de cette absence? Peut-être une lointaine nuit que tout le monde aimerait garder secrète, une chambre d'enfant, les cris d'Estelle, les draps que l'on nettoie avec affolement puis le départ de la gamine chez une tante pour mauvais caractère.
Drame de l'inceste jamais avoué qui gâche toute une vie.
Un jour, Estelle revient dans la demeure familiale et affronte sa soeur Brigitte qui fait tout pour s'attirer les faveurs paternelles, sa mère Judith qui fait tout pour ne pas salir la réputation de son mari et le père Daniel qui fait tout pour se souvenir de sa fille chérie tout en l'oubliant.

Huis-clos familial oppressant et remarquablement mené par Michel Marc Bouchard. Entre cruauté et subtilité, celui-ci donne naissance à des personnages forts, dont la tessiture efficace saute aux yeux dès les premières pages. En jouant à certains moments la carte de l'absurde et de l'hystérie, l'auteur met en lumière les tourments et les déchirures qui ne cessent de grandir au fil du temps qui passe, tant le poids du passé est lourd à porter.
Un texte de grande qualité pour des acteurs exigeants, soucieux de se livrer corps et âmes à leurs personnages. Tout cela est bien ficelé, avec des indications scéniques bienvenues et apportant beaucoup au texte. A découvrir san tarder !