L'accident
de Ismaïl Kadaré

critiqué par Jules, le 23 janvier 2009
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Terriblement lent
Ismaïl Kadaré semble nous donner ici un livre tout à fait différent des autres. En effet, toute son œuvre, ou presque, tourne autour de la dictature sous toutes ses formes. Ici, voilà que les premières lignes nous font vivre un accident de voiture sur une route allant vers l’Autriche. Il s’agit d’un taxi dans lequel se trouve trois personnes : le chauffeur, un homme et une femme.

La voiture va faire une solide embardée et seul le chauffeur va survivre. L’homme et la femme vont mourir sur le coup, après que le chauffeur les aurait vu essayer de s’embrasser alors que la voiture était déjà en l’air. L’ambiance ne semblait pourtant pas très bonne. Voilà une affaire qui, comme bien des accidents de roulage, aurait pu être rapidement réglée. Tel ne sera cependant pas le cas, vu que très vite elle va prendre des dimensions politiques. Le couple sera d’abord identifié comme hollandais, alors qu’il apparaîtra que lui, Bessfort Y. et toujours appelé ainsi, était analyste auprès du Conseil de l’Europe. Elle, était albanaise et stagiaire à l’Institut Archéologique de Vienne. Ils étaient amants.

Plusieurs équipes, et de différentes origines, vont s’occuper de cette affaire. Or, à part le chauffeur, il n’y a aucun témoin de l’accident. Rien ne justifie non plus celui-ci. La voiture était en bon état, la route aussi et le chauffeur n’avait rien bu. Lui-même n’arrive pas à expliquer ce qui s’est passé vu qu’il ne se souvient de rien d’anormal.

Tout au long du livre, nous allons approfondir les relations, pour le moins complexes, qui existent entre les deux êtres. Elle est indiscutablement très belle et plutôt amoureuse. Lui nous est dépeint comme un être très complexe. Même Rovena semble plutôt le craindre, alors que leur relation daterait déjà de plusieurs années. Ils peuvent rester de plus ou moins longues périodes sans se voir mais, quand ils se verront, ce sera presque toujours dans l’une ou l’autre grande ville d’Europe et dans des palaces. Pour tenter de comprendre ce qui les liait, les enquêteurs ne disposeront que du témoignage d’une femme, amie et confidente de Rovena, habitant en Suisse.

Rien ne se passera d’autre que l’étude du comportement et des sentiments existants au sein de ce couple. Une question annexe va cependant se poser : quelle est l’influence de cet homme sur les affaires des pays balkaniques ? Même Rovena va se demander s’il ne serait qu’un simple témoin pour le Conseil de l’Europe ou un homme recherché pour crimes de guerre par le Tribunal International de La Haye…

De façon générale j’adore Kadaré mais cette fois ci la sauce a été très laborieuse à se faire. On a vraiment l’impression de tourner en rond dans cette histoire et l’on se demande comment il en trouvera la sortie. Bien que très bien écrit et ayant poussé très loin la psychologie de chaque élément du couple, Kadaré n’est plus ici le grand rhapsode qu’il a toujours été pour moi.
Affreusement inutile que ce roman ... 1 étoiles

... Un roman inconsistant, trainant en longueur, et qui met en scène quelques enquêtes décousues de services secrets balkaniques au sujet d'un couple d'amants dont l'analyse psychologique, à l'issue de 260 pages, demeure toute aussi hermétique au lecteur, ce dernier faisant pourtant confiance à un auteur de renom !

Ori - Kraainem - 89 ans - 12 avril 2009