The Numerati
de Stephen Baker

critiqué par Béatrice, le 21 janvier 2009
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Mieux nous cibler
L’intelligence artificielle n’est pas capable de détecter l’ironie ; la reconnaissance faciale est loin d’être opérationnelle ; le ciblage des électeurs lors du scrutin présidentiel aux USA montre une pertinence de 75% seulement. Oui, mais les matheux y travaillent d’arrache-pied.

Chaque jour nous laissons des traces. Elles sont compilées et interprétées afin d’anticiper les tendances. Au fil des chapitres – Travailleur, Consommateur, Electeur, Terroriste, Bloggueur, Patient, Amoureux – le journaliste Stephen Baker dresse un état des lieux.

Un exemple du chapitre Electeur. L’objectif est d’identifier les personnes censées faire la différence (swing voters). Les matheux croisent les données issues de différentes sources en s’appuyant sur des indices ou approximations. Si John Smith possède un chat, il est susceptible de sympathiser avec les démocrates ; s’il possède un chien, il penche probablement pour les républicains. Cela semble très simpliste, mais c’est juste un critère parmi des dizaines d’autres.

Analyse factorielle discriminante, pondération, itérations multiples. Et à la fin ils ciblent avec une exactitude de 75%. C’est maigre, mais c’est mieux par rapport aux résultats d’avant. Ensuite, en fonction de la tranche (tronche) visée, même un message simple comme « nous allons augmenter le SMIC » sera modulé de manière différente.

Au chapitre Amoureux, le journaliste et son épouse se sont inscrit sur un site matrimonial afin de tester son efficacité. Et là on tombe sur Helen Fischer ! Mais oui, l’anthropologue qui a écrit Pourquoi nous aimons, critiqué par Oburoni et commenté par les CLiens. Ce sont les principes de compatibilité conçus par Helen Fischer qui sont mis en œuvre sur le site matrimonial.

Voilà une approche grand public, une lecture brève et agréable. Je me suis bien amusée avec l’appellation barnacles. Ce sont les vilains qui écument les supermarchés uniquement pour les produits discount. Ils sévissent aussi sur le web. Pour les faire fuir, on les assaille de pub et on les balance sur les serveurs les plus lents. Et vous, votre antivirus est-il capable de rejeter le cookie < I’m a barnacle > ?