Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède
de Selma Lagerlöf

critiqué par Clo7, le 25 novembre 2001
(Charleroi - 24 ans)


La note:  étoiles
Voyage en Suède
Nils, le gardien d'oies, est un garçon farceur et méchant de 14 ans, qui aime jouer de sales tours aux animaux de la ferme. Un jour il se moque d'un tömte, un lutin, qui se venge immédiatement en faisant devenir Nils lutin à son tour.
De cette punition va naître toute l'aventure. Nils peut enfin accomplir son rêve: s'envoler dans les airs, douillettement installé entre les plumes d'un jars, et commencer un voyage extraordinaire au-dessus de son pays. Il ira jusqu'en Laponie et saura se trouver des amis parmi les animaux et les hommes.
Ce livre date de 1906 mais en le relisant, je pensais qu’il n'avait pas pris une ride. C'est une saga, une épopée, un genre dont les Scandinaves sont tellement friands qu’ils sont parvenus à convertir tous les lecteurs. C'est un conte de fée qui a été écrit dans le but d'apprendre aux enfants suédois la géographie de leur pays de façon agréable. C'est à la fois un joli roman, un conte moraliste et une leçon de géographie à la découverte de la Suède. C'est aussi un hymne à la nature. Sans attendrissement excessif, Selma Lagerlöf montre la Suède de 1900 du point de vue d'un enfant. Le texte est assez long mais il vaut la peine d'être lu à haute voix. Avis aux parents ! Traduit du suédois. Contes 10 ans et +
J'aurais bien aimé les accompagner moi aussi au bout de leur voyage 8 étoiles

Le dessin animé des aventures de Niels Holgerson a enchanté une partie de mon enfance dans les année 1980. C’est donc avec beaucoup de curiosité que j’ai entrepris la lecture du roman d’origine. J’avais un peu d’appréhension quand même je fois dire, tout d’abord parce que j’avais un souvenir assez mitigé de l’écriture de Selma Lagerlöf dans son recueil de nouvelles Le charretier de la mort , et que la densité du Merveilleux Voyage (600 pages serrées en édition livre de poche) ne m’augurait rien de bon.

Eh bien je peux le dire maintenant : je suis très content d’avoir réussi à passer outre cette inquiétude. Je rejoins la plupart des critiques déjà publiées ! Certes le livre s’avère plutôt lent et paradoxalement ardu je pense pour les jeunes lecteurs (en version complète en tout cas comme c’est le cas avec cette édition), car de très nombreuses descriptions, géographiques et naturalistes en particulier, constituent une bonne part de l’ouvrage. Mais que cela est magnifique, sensible, presque lyrique ! Quelle maîtrise de la géographie, aussi bien physique et humaine, que l’autrice sait rendre vivante, en utilisant de façon intelligente des allégories (je pense par exemple au récit des deux rivières qui se font la course pour expliquer le système hydrographique) ou les mythes et les légendes de son pays. Ses descriptions « vu du ciel » sont quant à elles assez extraordinaires de poésie et tellement troublantes de vérité que j'en suis venu à me demander si elle n’avait pas fait elle-même un trajet en aéroplane ou dans quelque aérostat !

C’est également comme on l’a déjà signalé une incroyable ode à la nature, d’autant plus à l’époque où la préoccupation « écologique » n’en était même pas à ses balbutiements. La romancière suédoise prêche clairement pour une relation harmonieuse entre les êtres humains et les animaux. Elle évoque déjà en 1906 les conséquences des assèchements des grands lacs sur la nidification des oiseaux par exemple, et souligne le prix à payer pour bénéficier du progrès. Elle rappelle aux Suédois, à qui elle rend hommage par ailleurs comme un peuple courageux, travailleurs, durs à la tâche, qu’ils repoussent cette Nature à chaque fois qu’ils drainent un marais ou installent une forge...

Thématique déjà très présente dans le Le charretier de la mort , la question de la rédemption tient ici aussi une grande place me semble-t-il : la rédemption de Nils bien sûr, que ce voyage va permettre de racheter, mais aussi d’autres personnages, légendaires ou non, mis en scène au cours du récit. Je note aussi deux « techniques » très typiques de la romancière et qu’on retrouve tout au long du roman. Elle fait souvent répéter par les oiseaux deux fois la même phrase, mimant ainsi leurs appels et leur chant, et elle introduit régulièrement les nouvelles histoires sans évoquer tout de suite quelle part y prendra Nils, à tel point qu’au début on croit qu’il peut s’agir d’un récit indépendant (c’est le cas assez rapidement au trois ou quatrième chapitre avec le récit où Nils délivre la mère écureuil de sa cage).

Le merveilleux voyage fut pour moi effectivement un émerveillement, même si parfois la lecture fut fastidieuse parfois je le reconnais (à la fin surtout où il y a vraiment moins d’action). Et c’est le cœur serré, en compagnie de Nils, que j’ai vu moi aussi repartir les oies sauvages vers les contrées lointaines...

Fanou03 - * - 49 ans - 20 janvier 2020


Voyage sur le dos d'une oie 7 étoiles

C'est une envolée magique sur le dos d'une oie que nous vivons avec Nils, un 'sale gosse' qui n'aime pas les animaux et qui au fur et à mesure du voyage va se transformer. Nous visitons toute la Suède, sur le dos d'une oie, en compagnie d'autres oies et animaux (renard ..).
Les messages de l'auteure sont avant tout éducatifs, ce livre est destiné au programme d'éducation en Suède pour favoriser la connaissance de la géographie, de l'histoire, des traditions, des légendes et du folklore suédois. Elle a su raconter l'histoire avec beaucoup de passion pour son pays et avec une grande fluidité.

Hirondelle4 - Paris - 44 ans - 5 juillet 2015


Un livre fondateur 10 étoiles

"Le merveilleux voyage de Nils Holgersson" à travers la Suède. J’étais jeune bibliothécaire quand je l’ai lu pour la première fois. Je crois me souvenir qu’il y en avait des extraits dans un livre de lectures de l’école primaire. Mais des extraits n’ont pas de sens avec un livre pareil. Un éblouissement, un enchantement. Comment parler d’un livre merveilleux en étant à sa hauteur ?

Nils Holgersson est un enfant, ou plus exactement un pré-adolescent de quatorze ans, "grand, dégingandé, avec des cheveux blonds comme de la filasse", qui se montre désagréable, tant envers les humains (il est paresseux) qu’envers les animaux de la ferme gérée par ses parents, en Scanie (sud de la Suède). Ses parents le jugent très sévèrement : "le garçon n'avait rien voulu apprendre à l'école et était un tel bon à rien que c'était tout juste si on pouvait le laisser garder les oies". Un beau jour, Nils capture un tomte (sorte de lutin, de troll, familier de la mythologie nordique) et le malmène. Mal lui en prend, il est ensorcelé et rétréci en tomte lui-même, et devient donc minuscule, mais par contre il acquiert la faculté de parler avec les animaux. Le même jour, un vol d'oies sauvages menées par Akka de Kebnekaïse, de retour des pays chauds, passe au-dessus de la ferme et se moque des oies domestiques. Le jars blanc, Martin, décide de se joindre à elles pour leur montrer qu’elles sont fortes et parfaitement capables de voyager elles aussi, bien que domestiquées. Nils veut l’empêcher de s’enfuir, et s'accroche à son cou, mais le jars s’envole. Désormais commence un merveilleux voyage au-dessus de la Suède, on survole toutes les régions, avec de nombreux arrêts (car les oies ne dorment pas en vol), de la Scanie jusqu’en Laponie, où les oies sauvages ont l’habitude de passer l’été.

"Le merveilleux voyage de Nils Holgersson" est donc un récit géographique par bien des aspects, historique aussi (on nous parle de la grande famine qui contraignit bien des Suédois à l’émigration, on nous raconte la naissance de Stockholm), sociologique (on découvre les coutumes des différentes populations, les problèmes posés par la tuberculose) et surtout initiatique, un roman de formation, dans lequel les mythes et les légendes sont revivifiés (mention spéciale à Nils devenu charmeur de rats, à la danse des grues du Kullaberg et à la Saga du Smâland). Nils, parti enfant, doit se réformer, d’abord pour être accepté par les oies, pour les aider aussi à déjouer les embûches de Smirre le renard, et pour apporter son aide à différents animaux ou personnes que le groupe d’oies rencontre tout au long de sa pérégrination. Il doit affronter le froid, le brouillard, la tempête, la faim, la peur d’être perdu et abandonné, la mort. Et il découvre le courage et la générosité. Notamment, il intervient à plusieurs reprises auprès de la gardienne d’oie Asa et de son frère le petit Mats, qui sont à la recherche de leur père. Nils ne pourra redevenir humain que s’il revient en ramenant Martin pour que ce dernier soit tué par la fermière, c’est la condition du tomte. Il sera aidé à son tour, et comprend l’importance de la solidarité, du respect de la nature et des créatures vivantes. De buté et égoïste ("Il n’était pas bon à grand-chose"), il grandit et prend conscience des valeurs qui fondent l’humanité : on doit perdre son insolence et devenir petit pour pouvoir être en fin de compte un homme vrai. Parti le 20 mars, il revient en novembre, quand les oies migrent de nouveau vers les pays chauds.

Composé en 1906, ce roman était destiné à apprendre la géographie aux petits Suédois. Mais quelle différence avec "Le tour de France par deux enfants", son didactisme pesant et sa pauvreté littéraire ! Ici, les notations sur les paysages de chaque région, les lacs, les montagnes, les îles, la nature, la neige, la faune, la flore, les Same (Lapons), sont d’une poésie superbe. Oui, un hymne à la nature, et un plaidoyer pour sa préservation, tout autant qu’une réflexion sur la place de l’homme. Et, en même temps, le récit est ludique, enjoué, tonique, plein de suspense. Un vrai roman d’aventures. L’auteur se permet même d’intervenir : arrivé sur le domaine de Mârbacka, Nils rencontre une vieille dame "qui ne cessait de penser à un livre qu’elle voulait écrire sur la Suède", et à qui il raconte son histoire. "Quelle chance étonnante de rencontrer quelqu’un qui a parcouru toute la Suède sur le dos d’une oie ! se disait-elle. Je n’ai qu’à écrire son histoire pour faire ce livre qui m’a tant préoccupée." Cette mise en abyme (comme disent les gens savants) est un clin d’œil de l’auteur particulièrement réussi.

Selma Lagerlöf (1858-1940), est une formidable romancière et nouvelliste suédoise. Bien avant les sud-Américains, elle a pratiqué un subtil mélange de réalisme magique. Évidemment, aujourd’hui, on peut reprocher à l’auteur ses considérations morales sur les valeurs des traditions populaires et du travail. Je pense au contraire que cela fait le charme de ce livre merveilleux qu’on peut lire à tout âge.
Chacun puisera dans ce livre selon son esprit. Et finalement, on est en présence d’un des prototypes de livres capables de réunir les générations entre elles, dans la lignée de l’Odyssée et de Robinson Crusoé.

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 18 décembre 2013


Une fabuleuse odyssée suédoise 10 étoiles

Nils Holgersson est un adolescent de 14 ans, plutôt fainéant qui accumule les bêtises. Un beau jour, il joue un vilain tour à un tomte, un lutin scandinave, ce qui lui vaut un sacré châtiment : il rapetisse au point de ressembler au tomte dont il se moquait. De cette hauteur, le monde est vu différemment. C'est ainsi qu'il s'embarque dans une fabuleuse aventure en accompagnant des oies sauvages et un jars blanc à travers toute la Suède.

L'on pourrait croire que ce roman est un simple roman de jeunesse, ce n'est pas le cas ! Le ministère suédois de l'Education avait chargé Selma Lagerlöf de rédiger un roman dans lequel les petites têtes blondes nordiques pourraient trouver un enseignement de la géographie. Le voyage aérien de Nils Holgersson permet de répondre de manière cohérente à cette exigence.

Le roman est captivant, on oublie bien vite que l'on est adulte et l'univers dépeint est réconfortant et respire le bonheur comme l'a dit Frunny. Ce roman est presque un art du vivre heureux ( goût pour les travaux manuels, plaisir de vivre avec la nature, goût pour la simplicité ... ). Evidemment, le roman regorge d'épisodes dans lesquels Nils côtoie tous les animaux suédois imaginables et des êtres humains en proie à certaines souffrances ( maladies, pauvreté, solitude, mort ... ), mais il contient aussi de nombreux récits légendaires. On reconnaît ici la fascination de l'auteur pour ces récits merveilleux qu'il se raconte le soir près de la cheminée, de ces histoires qui séduisent enfants et adultes qui sont de véritables mythes. L'auteur explique d'une manière surnaturelle la naissance de certaines rivières, de certains archipels, la répartition des espèces animales et végétales sur le territoire. Tout ceci avec une grande poésie et de la magie ( géants, tomtes ... ) ! Il y a quelque chose de sacré dans ce roman qui s'apparente quasiment à un texte fondateur pour le peuple suédois, comme "le Kalevala" pour les Finlandais ou "Les Métamorphoses" d'Ovide ...

Ce roman magique permet de découvrir la Suède autrement et de se rapprocher de la nature. Il transmet aussi des leçons morales sans ennuyer le lecteur. Il divertit par les multiples histoires narrées et l'on ressent ce plaisir communicatif de raconter, si cher à ces contrées nordiques. Le lecteur s'attache à ces personnages et quitte avec regret ce roman d'une grande richesse. La cerise sur le gâteau reste l'épisode où Selma Lagerlöf, elle-même, devient un personnage de cette odyssée qui fait la fierté du peuple Suédois.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 2 janvier 2013


Pour toi mon fils... 10 étoiles

Eh oui, si un jour tu lis ce site, cela te confirmera que ton prénom vient de là...

Je t'aime mon gars :)

Voleur_de_poule - - 29 ans - 10 décembre 2012


Evasion. 8 étoiles

Véritable voyage initiatique, ce livre permet à l'esprit de s'évader dans les contrées nordiques si belles. Mais il s'agit surtout d'un conte merveilleux plein de mythes et légendes locales. Très agréable à lire malgré quelques longueurs (principalement au niveau des descriptions, très détaillées et précises).

Devil inside - - 33 ans - 18 novembre 2011


Féerie suédoise en 3 dimensions ! 10 étoiles

Quelle idée saugrenue d'avoir classé ce récit dans la catégorie " Enfants - 10 12 ans - " ?
Ce livre consistant ( 610 pages ) est tout public et universel ( de 7 à 77 ans comme les Tintin ! )
La critique principale rédigée par Clo7 résume à merveille le contenu de l'ouvrage.
Dans un 1er temps ; j'ai cru à une histoire " gentillette " par laquelle un tomte ( genre de lutin suédois ) chevaucherait une oie pour survoler la Suède et ses paysages mais...... j'avoue avoir été bluffé.
Ce roman est magique et respire le bonheur simple à chaque page.......un pur délice !
Nils Holgersson devenu " tomte " nous permet de visiter les territoires suédois ( et leur diversité ) en 3 dimensions :

--> vue du ciel quand il chevauche son oie préférée.
--> vue du sol quand il entreprend quelques aventures dans le monde des hommes et des animaux .
--> vue des arbres et des falaises quand il s'y repose en compagnie des oies sauvages .

610 pages pour prendre des cours de géographie ( de la Suède ) , d'Histoire , botanique et animalière .
Le tout enrobé de contes anciens plus ou moins moralisateurs.

Comme toutes oeuvres réussies ; ce récit comporte plusieurs niveaux de lecture.
La lecture est très facile ( félicitations à la traduction ) et on se laisse bercer par les aventures du jeune Nils .

Excellente découverte que je recommande au plus grand nombre.
Quand vous aurez reposé ce livre , vous ne regarderez plus jamais comme avant les vols migratoires des oies sauvages .

Frunny - PARIS - 59 ans - 4 novembre 2010


foklore, contes et pédagogie 10 étoiles

Génial, par Selma Lagerlöf institutrice et prix Nobel de littérature (pas pour ce livre). C'est un voyage de découverte de la Suède, un voyage d'apprentissage et d'humilité pour un enfant qui côtoiera les animaux sauvages envoûté par un tomte (lutin) et séparé de ses parents. A lire d'urgence pour tous les enfants qui veulent devenir grand et les autres qui veulent encore s'émerveiller comme des enfants. Le texte n'est pas enfantin ni simpliste à aucun moment. Attention une version tronquée (une quinzaine de chapitres) est une édition assez répandue en France, tant qu'à faire autant vous procurer l'intégralité du texte.

Magicite - Sud-Est - 46 ans - 4 janvier 2006