Lettre à un otage
de Antoine de Saint-Exupéry

critiqué par Leroymarko, le 19 janvier 2009
(Toronto - 50 ans)


La note:  étoiles
Leçon d'humanisme
Très beau texte. Il s'agit en fait d'une longue lettre que l'auteur écrit à son ami Léon Werth. Saint-Exupéry est en exil. D'abord au Portugal, puis, par paquebot, c'est la traversée vers les États-Unis. L'année: 1940. La France souffre sous le joug de l'Allemagne. Werth est juif. Il a 50 ans. Il est toujours en France. D'ailleurs, il n'est jamais nommé dans la lettre, afin de ne pas le mettre en danger. Par ailleurs, Saint-Exupéry écrit peut-être en pensant à son ami, mais ses propos touchent tous les Français. En fait, Saint-Exupéry fait preuve d'un humanisme incroyable. Il déplore la barbarie de la guerre.

Le talent descriptif de l'auteur est rapidement mis en lumière quand il décrit, au tout début de sa lettre, les états d'âme de la capitale portuguaise: "Lisbonne, qui avait bâti la plus ravissante exposition qui fût au monde, souriait d'un sourire un peu pâle, comme celui de ces mères qui n'ont point de nouvelles d'un fils en guerre et s'efforcent de le sauver par leur confiance". Lisbonne l'insouciante, comme l'avait été sûrement Paris avant l'arrivée des chars allemands. À bord du paquebot vers l'Amérique, Saint-Exupréy rencontre des compatriotes qui ont laissé tout derrière, mais qui ont quitté leur demeure comme s'ils passaient tout simplement d'une pièce à l'autre dans une maison. Pourtant, dans les yeux de ces émigrants, Saint-Exupéry lit aussi le désespoir.

Saint-Exupéry se souvient des années d'avant-guerre, des repas avec son ami sur les bords de la Saône. C'était le bon temps. Il se demande comment l'être humain peut vouloir faire la guerre, alors qu'il aime tant profiter des bons moments de la vie. Et même s'il déplore l'occupation allemande, Saint-Exupéry ne s'attaque pas nécessairement aux individus de ce pays. Ainsi, lorsqu'il raconte son séjour en prison, lors de la guerre civile en Espagne, Saint-Exupéry rappelle que même sous les habits des tortionnaires, terroristes et geôliers, se cache l'humanité. En fait, cette lettre est une véritable dissertation sur le respect. Un petit ouvrage définitivement à lire. Toujours d'actualité.
Nous sommes tous des otages 9 étoiles

Un livre très émouvant que Saint-Exupéry semble nous écrire, ou plutôt à ces français occupés par l'oppresseur pendant la seconde guerre mondiale.

Cette lettre est l'occasion pour l'auteur de nous livrer une fois de plus sa vision de la vie et de l'humanité : "nous sommes l'un pour l'autre des pèlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le même rendez-vous".

Livre très court à mettre entre toutes les mains

Thibaut.lny - - 35 ans - 6 décembre 2013


Le Petit Prince en prison 10 étoiles

Antoine de St Exupéry dédia Le Petit Prince à son ami Léon Werth ainsi : "à Léon Werth, lorsqu'il était petit garçon". Dans cette "lettre", dont Leroymarko a révélé l'essentiel, St Ex exprime sa sensibilité affectueuse, qu'on lui connaît par ailleurs à l'égard de tous ses frères humains, envers ceux qui sont restés en France en de tragiques circonstances. C'est une manière d'hommage, de soutien, de reconnaissance pour la souffrance, illuminée par le souvenir des jours fraternels et heureux. Texte peu connu, mais qui mérite une lecture croisée avec les écrits de Léon Werth, ancien "Poilu" qui s'y connaissait en souffrances.

Radetsky - - 81 ans - 30 septembre 2011