Musée du Louvre, tome 3 : Aux heures impaires
de Éric Liberge

critiqué par B1p, le 18 janvier 2009
( - 51 ans)


La note:  étoiles
trop cérébral
Le Musée du Louvre et les Editions Futuropolis ont mis en chantier il y a quelques temps une série de bandes dessinées dans lesquelles des pointures du 9e art se réapproprient les célèbres galeries du musée parisien pour les mettre en scène à leur sauce. Dans les rayons de la collection, on trouve déjà les contributions de de Crécy et de Marc-Antoine Mathieu. Cette fois, c’est Eric Liberge, auteur de la multi-célébrée série des « Mardi Gras des Cendres », qui s’y colle.

Au musée du Louvre, quand la nuit tombe, un bien étrange garde entre en action, affublé de maquillages cabalistiques et d’étranges instruments. Son but est loin d’être classique. C’est que, après de longues journées où ils sont exposés sans avoir droit au chapitre, les innombrables chefs-d’œuvre réclament leur moment de détente, le moment où ils peuvent être ce qu’ils sont vraiment sans être déformés par les sensibilités ou les intellects des visiteurs qui se les approprient sans vergogne, sans réellement les respecter. La nuit, donc, aux heures impaires, le musée s’anime d’un étrange ballet, surveillé par un garde qui risque à tout moment d’être emporté par la folie.
Bastien, jeune sourd, fera un peu par hasard la découverte de cet étrange manège et aura pour mission d’en assurer la relève.

Eric Liberge a une technique de dessin très particulière qu’on peut un peu entrevoir sur la couverture. A la mise en couleur classique, il préfère celle assistée par ordinateur qui lui permet de coucher sur le papier toute une gamme de couleurs sépia, une savante superposition de motifs qui constituent autant de taches rentrant plus ou moins dans les contours des personnages et des décors. Une technique qui est somme toute tout aussi bonne qu’une autre et donne à l’ensemble une luminosité assez étrange, ce qui est plutôt bienvenu puisque c’est le genre que Liberge affectionne, l’étrange.

J’aurais par contre plus de remarques sur l’histoire elle-même. Elle est finalement assez représentative de la démarche de Liberge : aux éléments de l’étrange, Liberge à l’habitude de superposer plusieurs couches, ce qui fait que ses bédés ont souvent l’air de mille-feuilles, plus cérébraux que réellement touchants. Ici, à l’idée de base (les œuvres veulent être comprises pour ce qu’elles sont), Liberge ajoute un zeste relatif à la surdité (Bastien est sourd), à l’intégration (Bastien est un peu asocial ou bien simplement incompris). Ce n’est pas grave en soi, mais ça rend la lecture assez difficile, et en plus, ça dilue le sujet initial dans un salmigondis de considérations annexes qui finissent par égarer le lecteur et le détourner du contenu émotionnel, un comble pour un musée dont c’est finalement le principe premier : générer l’émotion.
Autrement dit, si on pensait ressentir quelque chose au terme de la lecture, au final on ne ressent rien, et on ne comprend pas plus où Liberge voulait en venir. Dommage.
Impair et manque pas de souffle 6 étoiles

Les éditions Futuropolis sortent annuellement depuis 2005 un album d’un auteur différent avec un récit à chaque fois en rapport avec le musée du Louvre. Le seul point commun de cette série d’ouvrages en collaboration entre le Musée du Louvre et Futuropolis est de se dérouler au Louvre. Tout le reste est différent : graphisme, mode de narration, thème et motifs. L'album "Aux heures impaires" de Liberge est placé sur les thèmes de la surdité, du gardiennage de musée, de l’accès de tous au musée et de la puissance dégagée par une œuvre d’art avec une note finale de surnaturel. Pour des adolescents et adultes. Avec "La traversée du Louvre"publié en 2012 c’est à la question du visiteur de musée, que nous sommes confrontés.

JulesRomans - Nantes - 66 ans - 5 septembre 2012