Le jour où Beaumont fit connaissance avec sa douleur
de J.M.G. Le Clézio

critiqué par Smokey, le 15 janvier 2009
(Zone 51, Lille - 38 ans)


La note:  étoiles
L'homme face à sa douleur et sa folie.
Première expérience avec Le Clézio...Je fais donc une totale abstraction de ses autres oeuvres...C'était curieux et intrigant, néanmoins, malgré sa brièveté, je n'ai pas été très "à l'aise" avec ce livre.

Pourquoi? La situation est simple: un homme-Beaumont- est dans son lit. Il est trois heures vingt-cinq du matin. Il a l'impression que ses draps forment une sorte de camisole de force. Il décide donc de se lever, boire un verre d'eau et se recoucher. Mais voilà le noeud du livre, il commence à attraper mal aux gencives, c'est d'abord une petite douleur mais elle prend de l'ampleur jusqu'à devenir un état de quasi-torture. Torture physique et psychologique. Beaumont se retrouve seul face à sa douleur avec pour unique réconfort, des médicaments et de l'eau-de-vie de prune.

Le sujet traité est donc celui de la folie engendrée par la douleur mais également la réponse de la société à cet état de folie. Cette situation en huis-clos est traitée de manière originale, Le Clézio fait passer par le style de son écriture la folie du personnage, c'est ce qui rend le récit vraiment original.

L'élément qui me dérange, c'est la fin...vous verrez, elle est inattendue (dans tous les sens du terme).

Voici un extrait:

"Ecoutez: je vais vous expliquer, j'ai eu tout à coup tellement peur, cette nuit. Ca ne m'était encore jamais arrivé. La solitude, ça devait être ça, la solitude. J'étais tout seul dans cet immense appartement, c'était impossible à supporter. Et j'avais ce truc dans la bouche, cette tumeur qui me torturait. Est-ce que vous pouvez vous imaginer une chose pareille, est-ce que vous pouvez seulement l'imaginer? Alors j'ai téléphoné à cette fille dont je vous ai parlé, mais elle n'a pas voulue venir. Alors j'ai pris une bouteille d'alcool et j'ai commencé à boire. Je ne me suis pas arrêté jusqu'à maintenant. Je suis noir, je suis complètement noir. Mais ça n'a pas d'importance. J'ai l'impression que je suis fini, que tout est fini. Je ne peux plus rien faire, je vous jure, c'est la vérité, c'est terrible, c'est..." (p.46)