Je t'aime, Albert et les autres nouvelles de Hot water music
de Charles Bukowski

critiqué par CC.RIDER, le 6 janvier 2009
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Histoires simples
C’est un recueil de 36 nouvelles généralement assez courtes, parues au départ dans diverses revues puis regroupées sous le titre de « Hot water Music » (Musique de l’eau chaude). Une série de petites histoires toutes simples en apparence, pleines de mélancolie ou de désespérance, dans la ligne des « Contes de la vie ordinaire », « Le postier » et surtout « Journal d’un vieux dégueulasse », mais un cran au dessous. Bukowski décrit de petites scènes de la vie quotidienne de personnages qui lui ressemblent tellement qu’on se demande si ce ne sont pas des tranches de sa propre vie (il utilise son pseudo « Chinaski » ou d’autres) Le personnage s’occupe accessoirement de lectures publiques de poésies et d’écriture, mais surtout d’alcool, de femmes et de paris sur les courses de chevaux. Tout est sinistre, glauque et souvent médiocre et se termine parfois carrément dans l’horreur la plus absolue. L’univers de Bukowski est assez terrifiant et n’est pas trop à conseiller si l’on n’a pas le moral ou si l’on cherche juste une lecture pour se détendre. Toutes les femmes sont des putains aux yeux charbonneux et au rouge à lèvre dégoulinant ; tous les hommes des obsédés sexuels ou des gogos…
Mais ce qui sauve le livre, c’est le style si particulier de l’auteur. Bukowski c’est Hemingway en moins verbeux, Céline sans les imprécations et Fante avec encore plus de noirceur et de désespérance. Avec des phrases d’une simplicité limpide, il va à l’essentiel. Il dit tout avec un minimum de mots. Il ne s’embarrasse d’aucune description, d’aucune explication, d’aucune des habituelles finasseries des romanciers de gare, il va droit à l’essentiel et fait mouche à tous les coups. Un petit reproche (je peux me le permettre car on a compris que je suis assez fan du phénomène) : pas mal de nouvelles tombent à plat avec des fins banales ou décevantes, ce qui montre que ces textes devaient être assez « alimentaires ». Si vous ne connaissez pas le génial poète alcoolique obsédé sexuel américain (mort en 1994), commencez plutôt par ses meilleurs titres (cités plus haut). Celui-ci vient en complément. Pour les aficionados