critiqué par Béatrice, le 3 janvier 2009
(Paris - - ans)

La note: étoiles

Sociologie des bobos (vous y reconnaissez-vous ?)

Voici une analyse exhaustive des bobos, un portrait très riche, très fouillé, plein de références pointues. L’auteur est journaliste d’origine canadienne vivant aux Etats Unis. D’après l’auteur, les bobos sont l’élite socioculturelle. C’est inexact à mon sens. Ils sont des leaders d’opinion dans certains milieux (universitaire, journalisme, édition), mais leur pouvoir et leur rayonnement sont très limités. Souvent ironique et pétillant, avec une bonne dose d’humour, l’essai décline la vie des bobos sous tous les aspects.

Les chapitres :
Ascension de l’élite socioculturelle
Consommation
Le monde des affaires
La vie intellectuelle
Le plaisir
La vie spirituelle
La politique et le dépassement

On découvre la version américaine des bobos. A mon avis, le bobo européen, contrairement à son homologue outre-Atlantique, est plutôt désabusé côté travail ; le bobo version US s’investit plus dans son travail.

Un extrait du chapitre Consommation : « Vous n’aurez jamais trop de texture ». Le yuppie aime les surfaces lisses. En revanche le bobo préfère la rugosité, les surfaces aux irrégularités naturelles, la céramique rustique, les jouets en bois cabossés, les tissus tibétains, l’ardoise brute.

Je lui reproche certaines longueurs. Dans le chapitre «Vie spirituelle » on lit huit pages sur le retour à la nature, le Montana, le film Et au milieu coule une rivière. En étoffant son discours de références, l’auteur en fait parfois trop. Je privilégie les passages satiriques et légers, où l’approche est plutôt ludique et intuitive.

Le bouquin est écrit en 2000. Ah, j’aimerais bien une mise à jour : les habitudes et les réseaux des bobos sur le web.

Une mention particulière pour la préface de J-F Bizot. « Alain Souchon a inventé le bobo. « Allo maman bobo ». Sans le savoir et sans en avoir déposé la marque, Souchon représentait bien, avant l’heure, un concept vivant que seule l’Amérique ose breveter : le bobo. »