Le Cercle de Minsk, tome 2 : Il était cinq soldats
de Frank Giroud (Scénario), Stalner (Dessin)

critiqué par Shelton, le 2 janvier 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Histoire dans l'Histoire...
Dans les grands scénaristes contemporains de la bande dessinée, on trouve un certain Frank Giroud. Ce Toulousain né en 1956 a commencé sa carrière de raconteur d’histoire en enseignant l’Histoire à Grenoble. Après avoir participé à l’ « Histoire du Far West » aux éditions Larousse, il connaît sa première reconnaissance par les lecteurs avec la série Louis la Guigne. Quelques « petites » séries lui permettent de prendre conscience des fils magiques du récit en bédé (Les Patriotes, Jackson, Tango…). C’est avec le scénario des « Oubliés d’Annam », bande dessinée par Lax, que Giroud passe à une autre stature, celle de scénariste de qualité.
Sa passion de l’histoire et sa maîtrise de la narration en bédé vont alors rapidement lui donner la possibilité d’atteindre le grand public. Frank Giroud est le scénariste de plusieurs séries à très grand succès : Secrets, Décalogue et Quintett… Rien que cela ! Les amateurs de bédés comprendront donc que nous sommes bien là en présence d’un des grands du neuvième art !
Avec Jean Marc Stalner, illustrateur ayant longuement travaillé avec son frère Eric, il nous présente une histoire originale, pétrie d’Histoire et fondamentalement humaine. Elle a commencé à paraître chez Albin Michel, en 2006, Le cercle de Minsk. Par les « hasards » des phénomènes de concentration de l’édition, cette série paraît maintenant chez Glénat qui a racheté le catalogue bédés Albin Michel. Mais laissons de côté ces aléas économico-industriels pour replonger dans cette histoire qui mérite mieux que l’oublie dans lequel certains voudraient la laisser moisir…
Le second volet de cette histoire nous ramène au Brésil où se déroule la partie contemporaine de cette aventure tandis que la partie historique se passe entre 1936 et 1945 en Europe, Espagne et Allemagne essentiellement. Le frère, Iannis, et la sœur, Heike, se sont retrouvés dans des conditions périlleuses et ils sont entourés par le danger, un danger qu’ils ne comprennent pas car ils n’arrivent pas à faire le lien entre la mort de leurs parents, cette lettre juive sur un vieux tissu et ses hommes qui semblent en vouloir à leurs vies…
Iannis va découvrir qu’il a un père inconnu, Rudi Hartfeld ou Matthias Kuhn, un allemand qui a refait sa vie et qui garde quelques mystères sur son passé. Ce n’est que par l’adoption qu’il est devenu membre de ce qu’il croyait sa famille, qu’il a eu une sœur…
Mais, des éclairages viendront préciser les éléments au moment où apparaitront deux membres du fameux cercle de Minsk, René Morel et sa fille Ariane. Le Schin, cette fameuse vingt et unième lettre de l’alphabet hébreu prendra un sens, une réalité mais tout ne sera pas pour autant clair dans l’esprit des deux jeunes…
Malheureusement pour Iannis, une conspiration et étrange machination, le rend coupable aux yeux de la police brésilienne de crimes de sang. Il n’a aucune chance de s’en sortir seul. Il lui faut de l’aide…
Grande bédé d’aventure basée sur une trame historique. C’est tout simplement passionnant même si on peut regretter que le dessin de Jean-Marc Stalner soit moins précis que celui de son frère Eric. La narration graphique n’en reste pas moins d’une grande qualité, les flashes back historiques étant presque parfaits…
Le scénario est si fort que le lecteur supporte de moins en moins bien la fin des albums. Heureusement, le second est déjà suivi par le troisième et vous aurez la chance de ne plus attendre la suite de cette histoire aussi longtemps que moi…
Très beau travail qui mérite d’être lu par tous les passionnés de bandes dessinées historiques et politiques…