Lady S, tome 4 : Jeu de dupes
de Jean Van Hamme (Scénario), Philippe Aymond (Dessin)

critiqué par Shelton, le 2 janvier 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Quelle affaire !
Jean Van Hamme, durant des années, a fait vivre des héros masculins : XIII, Thorgal et Largo Winch en sont les représentants les plus forts auxquels il faut rajouter un certain Wayne Shelton même s’il l’a confié à Thierry Cailleteau à partir du troisième épisode… Mais, Jean Van Hamme saurait-il faire vivre une femme, pas un objet sexuel ou un faire valoir, je parle d’une héroïne au sens complet du terme et de la réalité psychologique… Comme ce scénariste de grande qualité ne pouvait pas passer à côté d’un tel défi sans le relever, il créa Lady S comme Dieu la Femme !
Lady S est un mystère à elle toute seule, un peu comme l’ami XIII. Est-ce une américaine, une Néo-Zélandaise, une Estonienne, une Juive, une espionne dangereuse, une voleuse ou même une criminelle ? Oui, les apparences peuvent, parfois, cacher des réalités étonnantes ! Ce qui est certain, c’est que depuis son apparition, les lecteurs masculins la trouvent bien sympathique et les lectrices, elles, l’envient d’avoir une vie si bien remplie, y compris de jeunes hommes tout à fait désirables…
A partir du troisième album, la série a pris un rythme de one-shot, c’est à dire un scénario complet par album, une histoire que l’on peut lire sans être obligé de relire la série complète… Enfin, je dis cela alors que je prends un certain plaisir à tout relire systématiquement pour toutes les séries que j’aime…
Suzan Fitzroy, c’est son nom officiel quand elle est avec son père, ambassadeur itinérant des Etats-Unis, passe quelques jours de vacances avec son cher papa dans leur maison du sud de la France. Mais, aux States, les agences veillent et certains commencent à avoir des doutes sur cette femme un peu trop jolie et trop présente lors de certaines affaires… Ne serait-elle pas, de façon secrète et à l’insu totale de son père, membre du CIRCAT, Centralized information and Research Center Against Terrorism ? Il est alors décidé de lui tendre un piège…
Jean Van Hamme nous embarque alors dans une incroyable histoire qui prend les couleurs du réalisme grâce à son talent et au dessin plus vrai que nature de Philippe Aymond… On finit même par croire à l’existence de ce CIRCAT… D’ailleurs…
C’est un album qui se déroule à cent à l’heure et même plus puisque Suzan utilise le TGV ! Elle sera obligée de prendre un grand nombre de moyens de locomotion (moto, voiture, train, bus… et ses petits pieds aussi) pour fuir ces méchants manipulateurs qui en veulent, au moins apparemment, à sa vie pendant que son père, lui, est enlevé et que le lecteur se demande bien où il a pu passer…
C’est une fois encore du très bon travail qui provoque une lecture plaisante. On se pose une question, par contre, c’est la durée que peut avoir cette série basée sur l’ambigüité du personnage de Suzan. A un moment donné, les autorités américaines, européennes ou russes, finiront bien par savoir qui elle est ! On ne peut pas imaginer qu’elle dupe tout le monde trop longtemps… C’est donc une série qui ne devrait pas durer trop longtemps si le scénariste veut rester crédible… Nous verrons comment il va gérer cette difficulté dans l’avenir mais ne doutons pas un seul instant de la capacité de Jean Van Hamme à trouver de bonnes solutions…
Excellente série d’un grand monsieur du scénario !