L'Ascension du haut mal, tome 1
de David B.

critiqué par Jean Loup, le 21 novembre 2001
(Vaulx en Velin - 51 ans)


La note:  étoiles
Autobiographie graphique
Si vous ne connaissez pas encore cette série, il ne faut pas commencer par ce quatrième album. "L'ascension du Haut Mal" de David B est une biographie en Bande Dessinée, genre encore peu exploité mais certainement promis à un bel avenir. Arriver au beau milieu de l'histoire vous plongerait dans le désarroi et vous ferait sans doute passer à côté de la qualité de l'album. Si vous êtes un fidèle de la série, vous comprendrez enfin avec la première planche de ce quatrième volume pourquoi le prénom du narrateur était jusqu'alors différent de celui de l'auteur. Vous comprendrez aussi que l'adolescence de David B. a été intimement liée à l'épilepsie de son frère, ce fameux Haut Mal qui est le fil rouge de la série. Vous découvrirez les lectures fantastiques de David, la fascination de Jean-Christophe pour Hitler et les dictateurs, les tentatives désespérées de sa famille qui fait appel à des charlatans pour combattre la maladie.
Et bien d'autres choses encore, de ces petits riens qui font une vie et des souvenirs.
L'Ascension du Haut Mal est une des oeuvres majeures de la BD de la fin du deuxième millénaire et de ce début de XXIe siècle. Passer à côté serait un peu comme de ne jamais avoir lu "Maus" de Spiegelmann. Ruez-vous donc chez votre libraire pour entrer dans cette BD hors du commun. Il est peu probable que vous soyez déçu.
La terrible histoire d’un frère englouti par l’épilepsie 9 étoiles

[Cette critique concerne l’intégralité de la série, qui va du tome 1 au tome 6]

David B. nous livre ici une œuvre aussi âpre que magnifique, dans laquelle il retrace la maladie de son frère aîné Jean-Christophe, atteint d’épilepsie. Dans cet exercice délicat, l’auteur est parvenu à trouver le ton juste, avec ce qu’il faut d’émotion et de pudeur, sans sensiblerie aucune. Le passé familial y est décortiqué suivant un parcours introspectif très poussé. Le « haut mal », nom médiéval de l’épilépsie, n’épargne personne dans la famille. Pas question ici de se voiler la face, et David B. ne fait pas dans les bons sentiments, allant chercher au fond de lui-même, dans les recoins les plus sombres de son âme…

Le graphisme est saisissant, le noir et blanc hyper travaillé, avec des à-plats noirs venant renforçant le côté inquiétant et insaisissable de la maladie. Un style onirique et faussement naïf (son frère a été touché dès l’enfance) vient tenir à distance le « monstre ». Mais au fil des tomes, le trait se fait plus acéré, plus rageur, plus abstrait, alors qu’aucune thérapie ne semble venir à bout du « haut-mal »… Chaque case est un petit chef d’œuvre où le regard s’attarde… le cauchemar de la réalité y est transcendé, confinant avec le merveilleux, mais un merveilleux à mi-chemin entre Cocteau, Picasso et les contes de fée de l’enfance où l’ogre ou le loup se tiennent toujours en embuscade prêt à vous dévorer… S’il faut voir cette œuvre comme un exutoire voire une thérapie, elle n’en révèle pas moins un certain courage de la part de son auteur.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 8 septembre 2012