Le miel amer
de Gesualdo Bufalino

critiqué par Sahkti, le 26 décembre 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Douce amertume
Deux parties composent ce recueil de Gesualdo Bufalino, Asta Deserta (Il n'y avait personne à la vente aux enchères) et La festa breve (Une bien courte fête), ensemble de poèmes en version bilingue italien-français pour raconter une terre, un parcours, une souffrance aussi, celle liée à l'exil et à un territoire ingrat. La Sicile est un des éléments clés de la poésie de Gesualdo Bufalino, un pays auquel il est attaché mais qui peut faire souffrir ceux qui l'habitent et le désirent. Il y a toutefois un côté donnant-donnant, amour partagé, dans la force et le tourment, source d'inspiration d'une écriture qui rend hommage à ces terres d'enfance. L'enfance, un autre moment fort du recueil, composé de souvenirs et d'émotions, d'une certaine forme de mélancolie également, teintée de regrets et d'espoirs.
"Le miel amer" est un titre qui reflète avec beaucoup de justesse la nature des sentiments exprimés dans cet ouvrage, doux-amer, humain, triste par moments, joyeux à d'autres, en permanence empreint d'une sensibilité à fleur de peau.
La langue de Gesualdo Bufalino est riche, mariant emphase et lyrisme dans certains fragments poétiques, sobriété et évocation dans d'autres. Une langue qui virevolte pour créer un échange avec le lecteur, partage de mots et de sensations intimes.

Un extrait:

"AVEC ENVIE
Pour les heures de la journée qu'il me reste
je recommence à désirer ardemment
le sort d'un vieux marionnettiste.
Sa voix rocailleuse,
son béret au pompon vagabond,
ses gestes sarrasins.
Et son chariot qui s'enfonce dans la nuit
rempli de panaches et de bourrasques
plus valeureux que celui de l'Ourse,
parmi les buissons de brigands endormis."
(page 19)

Sur l'auteur:
Gesualdo Bufalino est né le 5 novembre 1920 à Comiso, près de Ragusa en Sicile. Il meurt le 4 juin 1996 dans un accident de voiture.
Parmi son oeuvre, en français: Le semeur e peste (L'Age d'homme, 1985), Argos, l'aveugle ou les songes (De Fallois, 1988), Les mensonges de la nuit (Julliard, 1989), La lumière et le deuil (Julliard, 1991), Cires perdues (Julliard, 1991), Quiproquo (Julliard, 1993), Tommaso et le photographe (Verdier, 1999), Calendes grecques (Verdier, 2000).
http://editions-verdier.fr/v3/…