Le Paradis à la fin de vos jours
de Michel Tremblay

critiqué par Dirlandaise, le 17 décembre 2008
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Génialissime Michel Tremblay !
Cette pièce de théâtre en un acte a été créée à l’occasion du quarantième anniversaire de la création des Belles-sœurs. Nana est morte depuis quarante-cinq années et est rendue au ciel, bien installée non loin des autres membres de sa famille sur un nuage confortable. Mais le Paradis est loin d’être aussi drôle que ce que Nana s’imaginait, elle qui aimait tellement rire sur la terre. Elle s’ennuie Nana et se met à nous raconter ses souvenirs drôles et moins drôles histoire de se changer les idées et de passer le temps. De plus, Nana n’est pas contente car elle n’a pas encore vu Dieu bien qu’elle soit au Paradis supposément très proche de Lui mais pas assez cependant pour le voir. Donc elle nous entretient de tout et de rien, nous narre des anecdotes sur sa vie terrestre, sur sa façon de décorer son sapin de Noël qui ne plaisait pas à tout le monde, sur son rapport avec l’argent, la religion et les curés, sur sa famille, sa belle-mère ainsi de suite…

C’est tout simplement hilarant et je me suis prise à rire toute seule à plusieurs reprises ce qui est très rare chez moi lorsque je lis ! Je le dis et le redis : Michel Tremblay est un écrivain fabuleux, sublime, génial, unique et les autres écrivains québécois font pâle figure à côté de lui. Il est un diamant parmi les galets ! Son génie se déchaîne dans ce court texte et c’est une pure folie, une grosse farce, un texte qui va droit au cœur. Car c’est le point fort de Monsieur Tremblay d’arriver à dire les vrais affaires, la vraie vie, les choses du cœur, les grandes et petites misères qu’on a tous un jour ou l’autre affrontées mais qu’on a pas toujours eu le courage d’avouer. La franchise de Michel Tremblay est désarmante. Il touche à l’essentiel. Il nous dépeint la vie comme elle est vraiment, sans tricher ni l’embellir. Ses personnages sont peu instruits mais non dénués d’intelligence. Ce sont des gens simples, des êtres humains aux prises avec les mesquineries et les méchancetés des uns et des autres mais aussi capables d’une belle solidarité devant l’épreuve. C’est triste et très drôle à la fois. Sublime !

« La pauvre femme, folle de peur, s’est levée de sa chaise pis s’est mis à brasser le sapin de Noël en le traitant d’arbre de l’enfer, de suppôt de Satan, d’instrument de perdition… Les lumières se détachaient, les bébelles revolaient, les glaçons tombaient sur le plancher… Moi, je regardais l’ange qui dépassait toujours du chapeau, pis j’avais juste envie de rire ! Tout ça a duré pas mal longtemps, on aurait dit une course à la fin d’une vieille vue américaine ! Aurel et Hardy. Ou ben Botte à botte et Castello ! J’ai même eu peur, à un moment donné, qu’y démolissent l’arbre de Noël, qui était déjà ben mal en point, pis qu’y le pitchent par le châssis ! »