« Mon ami Frédéric »
roman de Hans Peter Richter
livre de poche
214 pages
octobre 2014
La bête immonde
Ils sont nés en Allemagne au bon milieu des années 20 et leurs parents habitent le même immeuble.
Ils vont très vite jouer ensemble et même réussir à ce que leurs parents respectifs se côtoient.
Le narrateur a un père chômeur, alors que le père de Frédéric est un fonctionnaire relativement à l'aise.
Peu à peu, les deux familles apprennent à se connaître et à s'apprécier.
La famille de Frédéric est juive et très vite, dans l'Allemagne du début des années 30 , l'antisémitisme commence à se développer et ce petit garçon qui veut vivre comme les autres ne comprend pas le rejet que ses amis subissent, que ce soit le médecin ou le libraire du coin.
Frédéric est comme les autres, il accompagne même son ami et voisin aux jeunesses hitlériennes où il entend que l'ennemi à abattre est le juif (!?)
L'auteur nous décrit la société allemande en montrant comment la bête immonde, le fascisme, s'introduit dans les têtes et conduit des gens bien ordinaires à détester ceux qu'ils rencontraient hier dans un climat de franche camaraderie.
Il n'y a pas d'images d’Épinal dans ce roman :
Quand le propriétaire des appartements des parents respectifs des deux garçons veut expulser les « juifs » de leur appartement, le tribunal est saisi et l’État de droit s'applique comme le dit son président à Frédéric :
« Tu n'as aucun souci à te faire. Il ne vous arrivera rien. Je suis là pour veiller à ce que justice se fasse. »
Toutes les digues démocratiques vont sauter, Frédéric va devoir fréquenter une école pour enfants juifs et porter l'étoile jaune.
Cette tombée dans l'enfer est lente mais inexorable.
L'auteur ce ce livre, né la même année que son héros, est mort en 1993, c'est une chance que cet excellent livre accessible aux adolescents ait été traduit en français.
C'est un vrai roman, prenant, émouvant, tragique tout en étant didactique, une œuvre pleine et entière qui permet de montrer que les ennemis de l'humanité, ce ne sont pas ceux qui sont quelque peu différents de nous mais la haine et le racisme qui inoculent leurs poisons.
Jean-Fançois Chalot
CHALOT - Vaux le Pénil - 77 ans - 31 octobre 2022 |