Les Caractères
de Jean de La Bruyère

critiqué par Jules, le 10 décembre 2000
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Une justesse de ton et d’expression, de la lucidité et de l'humour
Voici un livre qui convient merveilleusement bien pour tous les moments où nous devons attendre quelques minutes…
Les premiers invités traînent à arriver et vous êtes prêts ? Vous devez sortir et vous attendez Madame qui en a encore pour un bon cinq minutes ?… Arrêtez de vous énerver. prenez " Les Caractères " et vous passerez un très bon moment d’attente ! C’est le temps qui passera trop vite. Vous pourrez reposer ce livre à tous moments et le reprendre de même, il vous suffira d’un petit signet pour retrouver instantanément votre page. Quelques phrases et c’est déjà un régal.
Ce livre a été écrit en 1687, dans la superbe langue du XVIIe siècle. Toujours aussi actuel et plein d'enseignements sur l'âme humaine, éternelle. Seules les pages consacrées à la femme datent un peu, mais il n'en est pas de même des autres. L’amitié, la flatterie, l’esprit, le coeur, la conversation, l’argent, les biens… voilà autant de sujets qui nous touchent toujours autant.
Un petit exemple :
" Certains hommes contents d'eux-mêmes, de quelque action ou de quelque ouvrage qui ne leur a pas mal réussi, et ayant ouï dire que la modestie sied bien aux grands hommes, osent être modestes, contrefont les simples et les naturels, semblables à ces gens d’une taille médiocre qui se baissent aux portes de peur de se heurter. "
Amusez-vous bien ! "
Fin observateur que ce La Bruyère 8 étoiles

Avec un regard lucide La Bruyère dépeint les qualités et travers de la société telle qu'elle était au temps de Louis XIV de manière très convaincante et cela a été un véritable plaisir de parcourir ses Caractères. Certes il écrivait avant tout sur et pour ses contemporains ce qui fait que certaines remarques sont un peu dépassées mais d'autres par contre sont encore d'actualité montrant ainsi que la nature humaine est toujours la même à travers les siècles.

Une oeuvre qui, même si elle ancrée dans son époque, n'est donc pas dénuée d'intérêt et vaut toujours le coup que l'on s'y attarde aujourd'hui. De plus c'est également un ouvrage très bien écrit et qui ne manque pas d'humour ce qui lui permet ainsi d'éviter un côté donneur de leçon ou condescendant. Je ne regrette donc absolument pas de m'être plongé dans cet ouvrage car l'auteur a vraiment fait du très bon travail.

Koolasuchus - Laon - 35 ans - 14 juillet 2019


Bel ouvrage. 8 étoiles

J'aimais beaucoup les pensées de Montesquieu qui montraient elles aussi le comique et le ridicule des hommes de son temps. Elles ressemblent en plusieurs points à celles de La Bruyère, quoique plus rares. Ici je les trouve en abondance : touffues, subtiles, moqueuses. Je l'imagine ricaner en écrivant, comme Voltaire, mais de façon moins interessée, et seulement pour l'amusement. Il a la pensée profonde comme Pascal, caustique comme Molière, et naturelle comme Montaigne. Il paraît que Flaubert le relit sans cesse, pour y puiser le style sec et dense. Je ne l'ai pas achevé, je n'ai lu que trois chapitres. Que ceux qui disent l'ouvrage dépassé parcourent les premières pages seulement ! Ils sentiront combien sont les vices d'il y a trois cent ans similaires à ceux d'aujourd'hui. Le ridicule est toujours moderne.

De la Châtaigne - - 31 ans - 17 septembre 2012


déduction du XVI toujours vraie 9 étoiles

Jean de la Bruyère n'était pas un devin, juste que les moeurs et les visions des choses sont toujours aussi vraies aujourd'hui.
On étudie beaucoup au Lycée cette oeuvre fragmentaire. Une réflexion pour illustrer le Libertinage, une autre pour illustrer la vertu du XVI. La curiosité a fait que j'ai eu envie de lire Les Caractères.
L'avantage : Je peux lire une réflexion sur les Hommes, et puis lire une Réflexion sur la Mode

Il se lit comme un recueil de poèmes, dans l'ordre que l'on veut.

Les choses qu'il dit, que ce soit sur la galanterie des hommes, de la coquetterie des femmes, de la mode et son côté éphémère, de l'hypocrisie de la société, sont toujours vraies de nos jours. Et cela est beaucoup moins frustrant d'avoir des mots sur des faits que l'on constate tous les jours

Marinebds - - 31 ans - 24 décembre 2010


De saines réflexions 8 étoiles

Le séquençage en passages courts permet en effet une lecture décousue et permet également de bien passer le temps.
Si certaines réflexions relèvent de l'emporte-pièce et si quelques prises de positions paraissent passéistes, notamment sur les Femmes et la religion, ces pensées relèvent souvent de la logique, de la raison ou du bon sens. Chacune peut donner lieu à dissertation ou à débat.

Veneziano - Paris - 46 ans - 17 juillet 2010


un livre ambigu... 5 étoiles

C'est toujours difficile de critiquer négativement un grand auteur tel que La Bruyère... surtout quand on est jeune et tout à envier aux vrais écrivains...
Pourtant je dois avouer que j'ai été largement déçue par ce livre...
La Bruyère ne s'implique pas assez, ou alors il s'implique trop... il nous laisse dans l'attente d'une dénonciation franche et directe d'une société fondée sur l'hypocrisie, il semble qu'il ne se pose qu'en observateur c'est ça qui est gênant, à mon goût bien entendu!!
Bien sûr ce portrait de la société de son siècle est extrêmement intéressant il serait injuste de dire le contraire.
Enfin la forme choisie est agréable et originale à la fois.

Cette oeuvre était au programme de terminale pour le bac 2005... et malheureusement je n'arrive pas à me persuader que j'ai apprécié l'étudier...

Azerty61 - normandie - 36 ans - 3 août 2005


Classique et terriblement moderne. 0 étoiles

Ce que La Bruyère pourchasse de sa plume, c'est le paraître et la médiocrité des idées et des attitudes. Une des Ïuvres les plus connotées «grand siècle classique», avec les «Maximes» de La Rochefoucault ou les «Mémoires» du cardinal de Retz. Mais la pertinence et la drôlerie cynique de ces trois livres en font cependant des Ïuvres à lire, à citer et à redécouvrir sans cesse. (C'est vrai, en effet, que La Bruyère n’est pas tendre avec les femmes. C’est l’époque où Descartes les assimilait - avec les animaux - à des entités mécaniques plutôt qu'à des êtres vivants! Les femmes de La Bruyère sont pourtant bien vivantes et on finira bien un jour par oublier Descartes.)

Mauro - Bruxelles - 61 ans - 3 mars 2001