Etoile errante
de J.M.G. Le Clézio

critiqué par Jules, le 19 novembre 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Le drame ne fait qu'empirer !
J.M.G. Le Clézio, lors d’une enquête faite en France il y a environ trois ou quatre ans auprès de professeurs et de lecteurs, a été classé comme le plus grand écrivain français vivant.
Ce livre a été publié en 1992 et les événements de ces derniers mois ne le rendent que plus actuel. Israéliens et Palestiniens s’enfoncent dans une guerre dont nous ne voyons pas l’issue !
Nous sommes tout d’abord ramenés en pleine guerre 40/45. Esther, jeune adolescente, et ses parents fuient la région de Nice occupée par les Allemands. Ils font partie de tout un groupe d’autres Juifs. Le voyage vers l'Italie est horrible. Il y a les montagnes, la neige, le froid, la faim, l'épuisement des vieux, des femmes et des enfants, les marches sans fin, les bagages à porter. Son père part en éclaireur et elle ne le reverra plus. Des patrouilles françaises et allemandes sillonnent les montagnes.
Enfin, ils arrivent en Italie, mais ce n’est pas encore la paix. Celle-ci, ils ne la trouveront qu’une fois montés à bord d'un bateau vers la Palestine et encore... Les Anglais n’acceptent pas cette installation de quantités de Juifs sur le territoire et leur implantation ne sera pas facile. Les Juifs luttent contre eux et contre les Palestiniens pour se faire reconnaître une place.
Un jour, la cause étant gagnée, Esther, du haut d’un camion israélien, remonte une longue file de réfugiés palestiniens qui marchent dans le soleil avec ce qu'ils ont pu emporter sur le dos. A leurs tours ils sont chassés de chez eux et, cette fois ci, ce sont Esther et les siens qui forcent des hommes, des femmes et des enfants à quitter leurs maisons et à abandonner tout ce qu’ils avaient.
Elle croisera le regard d’une jeune palestinienne dans lequel elle pourra lire la même peur et le même épuisement que celui qui se lisait sur son visage quand elle gravissait les montagnes la peur au ventre.
Son univers et le sentiment de son bon droit vont s'en retrouver pour le moins bousculés !
Le Clézio, de sa belle écriture déliée et riche, nous fait pénétrer dans un monde où tout n'est que lutte, souffrance et danger. Chaque partie a ses raisons et est certaine de son bon droit. Mais les faits sont là et ce que ce bon droit peut entraîner comme conséquences pour les autres n’est pas toujours très agréable à voir et à supporter ! Le doute peut s'installer en soi et ronger l’âme quand les faits ne sont plus qu’une simple abstraction bien vite chassée de l’esprit, un simple article de journal, de simples chiffres alignés…
le fond, oui mais la forme ! 5 étoiles

Belle histoire, je ne rajoute rien aux commentaires précédents. Mais quant à l'écriture, ! le plus grand écrivain de France ! ?
Je suis plus que lassé des innombrables descriptions qui ne sont qu'un étalage d'un vocabulaire restreint , et des répétitions des mêmes adjectifs, plusieurs fois dans le même paragraphe, voire dans la même phrase " son coeur battre plus fort" "le soleil brûlait.." " sur la mer lisse " "elle se met à courir ( chaque fois qu'elle se sent mal) " " elle est si fatiguée" " les longs caftans noirs" , et toutes ces redites reviennent plus tard lorsqu' "elle se souvient" . .... En qualité de donneur de voix j'ai lu ce livre pour la Bibliothèque sonore, c'est la raison pour laquelle je suis allé consciencieusement au bout...
" le plus grand écrivain français " ? ! ? ! ah bon ...

Krapouto - Angouleme Charente - 79 ans - 15 avril 2021


du déjà vu... 5 étoiles

Contrairement aux deux avis précédents je me suis un peu ennuyée durant ce roman; c'est toujours la même chose tout le long du livre. Entre nous l'histoire traite surtout de deux personnalités, la guerre est vraiment un décor (mais sert de pub au livre!). En bref j'ai été un peu déçue, même si l'écriture parfois poétique rattrape l'histoire terriblement lente. Belle histoire trop peu prenante!

Bibou379 - - 40 ans - 31 mai 2005


Des étoiles en or. 9 étoiles

Parmi les diverses lectures possibles de ce beau roman, j'ai surtout retenu celle-ci :
Comment deux adolescentes font l'apprentissage de leur vie, de ce qu'elles peuvent en comprendre, et de ce qu'elles peuvent y changer.
Au cours de l'été 1943, dans un petit village de l'arrière pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, elle va également découvrir la mort, la mort de son père.
Une fois la guerre terminée, Esther décide avec sa mère de rejoindre le jeune état d'Israël. Mais la Terre Promise ne lui apportera pas la paix : c'est en y arrivant qu'elle fait la rencontre, fugitive, de Nejma, qui quitte son pays avec les colonnes de Palestiniens en direction de camps de réfugiés.
Esther et Nejma ne se rencontreront plus. Elles n'auront échangé qu'un regard et leur nom. Mais dans leurs exils respectifs, elles ne cesseront plus de penser l'une à l'autre.
Commence un autre voyage, un voyage vers la conscience de soi. Esther et Nejma resteront des étoiles errantes... Consciencieusement errantes.
Esther est juive, et doit s'accommoder de la misère de la fuite. Nejma est palestinienne, et découvre la misère de la misère, celle qui traite identiquement l'humain et l'animal.
C'est le roman d'un humaniste, sensible, universel, qui maîtrise tous les pupitres et nous donne tout.
Et quelle écriture somptueuse ! C'est du bonheur !

Léonce_laplanche - Périgueux - 88 ans - 22 novembre 2004