L'étrange histoire de Benjamin Button : Suivi de La lie du bonheur
de Francis Scott Fitzgerald

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 5 décembre 2008
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Contre le grain
Pour profiter de la sortie de l’adaptation ciné par Fincher avec Brad Pitt, Gallimard réédite dans sa collection 2 euros, cette courte nouvelle du domaine public.

Imaginez la tête que vous feriez, si en réclamant votre bébé tout neuf à l’hôpital, vous trouveriez un vieillard de 70 ans ? C’est ce qui arrive à Roger Button, le père de Benjamin. Et il ne s’agit pas d’une erreur, ou disons oui, une erreur de la nature, car le nouveau né ridé vivra sa vie à l’envers ! Au lieu de voir son corps se détériorer tranquillement avec le temps, il rajeunit.

La fantaisie absurde permet d’inventer des situations farfelues. Le père et le fils se rejoignent dans la cinquantaine au même moment, et sont perçus comme des frères par les gentes dames de la fin du 19e siècle. Malheureusement, tous les bouleversements sociaux engendrés par cette anomalie ne sont pas exploités à fond. On reste dans la fable. Mais, on s’amuse beaucoup tout de même.

L’autre texte raconte l’union heureuse de Jeffrey, un écrivain ordinaire et Roxanne, une actrice de second plan. Lorsque Jeffrey tombe dans un coma profond suite à un accident cérébral, le meilleur ami de ce dernier, Harry, devient le confident de la future veuve. Il est coincé dans un mariage sans amour, elle est sans un mari conscient…

La sobriété du ton reflète l’époque où la nouvelle a été écrite. Il s’agit d’une version contemporaine d’une tragédie grecque, où deux personnes sont affublées d’un destin malheureux et se sentent incapables de s’en échapper. Intéressant, mais sans plus.

(lu en version originale)
Nouvelles alimentaires 6 étoiles

Ce petit opuscule contient deux nouvelles, celle éponyme et une seconde intitulée « La lie du bonheur », toutes deux tirées du fameux recueil publié en 1922, « Les enfants du jazz ». « L’étrange histoire de Benjamin Button » traite du temps qui s’écoule inexorablement, obsédant le monde depuis qu’il existe et les écrivains depuis qu’ils publient. Faust voulait arrêter le temps, HG Wells voulait explorer le futur, Francis Scott Fitzgerald, comme de nombreux cinéastes, veut remonter le temps, retourner à l’origine de son personnage. Benjamin Button, le héros de cette nouvelle nait avec l’apparence d’un homme de soixante-dix ans et remonte le temps, il devient un jeune homme aux allures d’homme mûr, séduit une fille beaucoup plus jeune que lui, en apparence, qui paraîtra bientôt beaucoup plus vieille que lui. Dans les quelques pages de cette nouvelle l’auteur explique tous les inconvénients générés par l’avancée temporelle du héros à l’envers de tous ceux qui l’entourent. On pourrait vivre en commençant par la vieillesse si tout le monde avançait de la même manière et dans le même sens. Je n’ai pas trouvé Fitzgerald très convaincant dans cet exercice, son texte manque de cohérence, il survole son sujet plus qu’il ne le traite. Une façon pour lui, peut-être, d’évoquer sa différence et la difficulté qu’il a subie, à se faire accepter par la bonne société américaine.

La seconde nouvelle, « La lie du bonheur » raconte l’amour d’un auteur, Jeffrey, pour la comédienne qui interprète ses pièces sur scène, Roxane, il l’épouse, lui demande de mettre fin à sa carrière, elle accepte, ils s’installent à la campagne où ils vivent un bel amour que la maladie de Jeffrey vient bousculer, il reste de longues années à l’état végétatif mais elle continue de l’aimer. Alors, « Roxane découvrit qu’ils avaient vécu au jour le jour, de la vente des nouvelles écrites au fur et à mesure ». Comme avait vécu Fitzgerald et son épouse quand le succès fut passé, que ses textes n’étaient plus à la mode. Une évocation de l’éphémérité du bonheur qu’il faut savoir saisir quand il se présente et de l’acceptation du sort même quand il est douloureux. Quand on lui reprochait d’aimer un mort-vivant, elle rétorquait : « Je peux aimer ce qu’il a été. Qu’ai-je d’autre à faire ? » Paroles d‘amour et de résilience. Un beau texte émouvant et édifiant.

Débézed - Besançon - 77 ans - 7 août 2015


Deux bonnes nouvelles 7 étoiles

Pour ma part j'ai lu l'édition ayant pour deuxième nouvelle "un diamant gros comme le Ritz".
Ce petit livre se lit très vite tant les nouvelles sont de très bonne qualité, l'écriture de Fitzgerald est vraiment belle. Malgré leur brièveté, une cinquantaine de pages chacun, l'auteur arrive à insuffler beaucoup de force aux récits.
Comme nombre de personnes j'ai pu voir "L'étrange histoire de Benjamin Button" sur grand écran et je dois avouer que j'ai préféré sa version papier, plus grinçante, plus cynique, moins fleur bleue.
La deuxième nouvelle pose la question de la réelle liberté, du pouvoir de l'argent, le tout avec avec pas mal d'action: une bonne découverte.
Bref pour 1,5 € ça vaut le coup.

Sundernono - Nice - 41 ans - 22 juillet 2013


La peur de la mort démultipliée 9 étoiles

Comme tout le monde, j'ai vu le film et forcement on est un peu déçu du livre au premier abord: trop court, pas assez de sentiments, trop absurde...
Et puis? Non en fait! Une courte nouvelle qui parvient à vous mettre sans dessus dessous et à vous mettre une bonne claque. Fitzgerald apparaît comme un grand maître de l'absurde. Tout est décalé: l'intrigue mais surtout les réactions plus que cruelles des personnages. Du vrai cynisme qui vous laisse un goût amer dans la bouche et vous plonge au cœur du personnage. Un destin unique et cruel qui aborde le thème de la mort de manière inédite. La déchéance du personnage est inéluctable et surtout incomprise puisque chacun envie sa "cour de jouvence". On ressent toute la solitude et la tristesse du héros qui voit autour de soi se faner peu à peu son entourage et sa vie. L'absurdité de la vie humaine se révèle dans toute sa splendeur: né pour mourir! Avec la particularité que Benjamin lui connait sa date d'expiration ce qui rend le récit et la réflexion portée d'autant plus profonde.

Junos2005 - - 34 ans - 11 juin 2013


"L'étrange histoire de Benjamin Button" suivie de "Un diamant gros comme le Ritz" 8 étoiles

Pour la première nouvelle, j'ai beaucoup apprécié. Au départ, je me suis dit qu'elle était un peu courte mais en définitive je pense que c'est très bien ainsi. C'est une petite histoire sympa à lire et assez touchante. De plus, on a tant entendu parler du film (que je n'ai pas vu) que l'on a l'impression de déjà la connaître.

Par contre, pour la deuxième nouvelle, dans mon livre, c'était "Un diamant gros comme le Ritz". Ca raconte l'histoire de John, garçon qui a été élevé à Hadès. Ses parents l'envoient dans une école bien cotée à Boston où il fait la connaissance du mystérieux Percy. Ce dernier l'invite à venir passer les vacances chez lui et on peut dire qu'elles vont être très spéciales car Percy habite avec ses parents et ses deux soeurs dans un endroit très étrange et luxueux où tout n'est qu'émerveillement. Mais attention, parfois la désillusion guette.

Je crois vraiment que ces deux nouvelles font réfléchir. La première sur la vie, l'âge, les relations entre les personnes, etc... et la deuxième sur la richesse et ce que celle-ci nous apporte ou pas.

Le seul bémol est que, notamment dans le deuxième récit, parfois j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Je butais un peu sur l'écriture et je trouvais qu'elle était par moment un peu tirée par les cheveux.

C'est la première fois que je lis un ouvrage de Francis Scott Fitzgerald mais pas la dernière. Je pense sincèrement qu'il y a de très beaux écrits à découvrir de cet auteur.

Lalie2548 - - 39 ans - 18 juin 2010


Un texte qui fait réfléchir... 5 étoiles

Cette nouvelle m'a déçue, je m'attendais à lire un texte plus recherché d'un point de vue littéraire (il est vrai qu'il s'agit d'une traduction...). Cependant, on peut remarquer un fabuleux travail créatif pour faire vivre Benjamin Button depuis sa vieillesse jusque son enfance; une texte qui fait réfléchir sur le statut du temps qui passe dans la société...

Ninnog22 - - 30 ans - 7 mai 2010


Déçue 4 étoiles

Après d’avoir vu le film de David Fincher que j’ai adoré, lire la nouvelle était donc logique. Mes attentes étaient hautes et j’ai été déçue. La façon de conter de l’auteur me laisse froide, ça manque d’éclat. L’histoire, mais aussi les personnages : peu travaillés, secs et dont les réactions sont invraisemblables. Le début de « L'étrange histoire de Benjamin Button » est trop invraisemblable, même pour un récit fantastique : la naissance physiquement impossible (du point vu grosseur) et le bébé/vieil homme qui sait parler à sa naissance et penser intelligemment... je n’y ai pas cru une seconde. Le film couvre bien ces lacunes et est plus profond. Je n’ai pas détesté la nouvelle, plutôt désappointée. La fin est assez réussie, quand Benjamin devient enfant, enfin quelque chose qui m’a touché (!), parce que le récit manque cruellement de magie. Dans le genre, j'ai préféré aussi la bande dessinée 80 jours d’Olivier Guéret et Nicolas Vadot qui est inspiré de cette nouvelle, plus touchante.

Comme Gabri, j’ai trouvé le début de « La lie du bonheur » prophétique. Cette deuxième nouvelle est plutôt quelconque, mais comme Benjamin Button, la fin est bien réalisée.

Nance - - - ans - 4 juin 2009


Une verve en berne 7 étoiles

Si ces deux nouvelles sont assez bien écrites, je suis tenté de partager la tiédeur de mes prédécesseur.
La première nouvelle n'a pas le charme du film, fort bon, qui en est tiré : cela tient à ce que, dans le film, le personnage principal a un état d'esprit, distinct de son apparence physique, en adéquation avec son âge dans le temps ; dans la nouvelle, il naît en tous points vieillard, même intellectuellement. Du coup, l'ambiance générale relève d'un absurde presque gratuit.

La seconde relate une histoire de désamour relativement banale.

Veneziano - Paris - 46 ans - 12 mai 2009


Benjy 8 étoiles

Je vais parler uniquement de la première nouvelle. Après avoir vu l'adaptation ciné (que j'ai trouvé parfois longue mais très bien faite), j'ai eu envie de découvrir le texte.
Quel changement. Le texte est l'opposé exact du film. L'adaptation est remplie de poésie, de beaux sentiments alors que la nouvelle en manque cruellement. Ca a d'ailleurs déconcerté une amie (alors que je l'avais prévenue).
Pourtant, j'ai beaucoup aimé ce petit texte (trop court à mon goût), rempli d'un cynisme envers une société qui n'aime pas les individus qui échappent à la logique universelle: on vieillit tous. C'est un scandale de rajeunir.
Un texte à savourer.

Alouette - Seine Saint Denis - 39 ans - 1 mai 2009


Je peux reprendre les mots de l'auteur? 6 étoiles

« Quand vous auriez lu le tout, vous concluriez que ce n’étaient pas des chefs-d’œuvre, mais des récits assez amusants, un peu démodés maintenant, sûrement aptes à fournir une distraction agréable durant une morne demi-heure d’attente chez le dentiste. Dans les échantillons de son travail que vous auriez trouvés, rien n’aurait éveillé en vous plus qu’une légère curiosité pour les caprices de l’existence; pas de rires répercutés au plus profond de soi, ni de sentiment de la futilité des choses, ni d’écho d’une tragédie. »

C’est plutôt ironique, mais quand j’ai lu ces phrases dans « La lie du bonheur », j’ai su immédiatement que c’était exactement ce que je pensais du livre que j’avais entre les mains. Un bon moment, mais sans plus. Par contre, le film est à voir!

Gabri - - 38 ans - 14 mars 2009