Pourquoi nous avons faim
de Dave Eggers

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 28 novembre 2008
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
L’ennui stylisé
Eggers fait partie de l’élite des écrivains postmoderne américains. Un peu comme dans l’art contemporain, où les aficionados vont s’extasier devant une toile blanche, les critiques littéraires se font un plaisir de louanger le génie de sa prose ironique expérimentale. Il est vrai qu’elle bouscule parfois les conventions, qu’il possède un talent certain pour donner chair à des personnages en seulement 2 ou 3 lignes. Par contre, le propos des histoires de cette collection reste volontairement fade et peu inspirant. Peut-être, s’agit-il d’un véhicule inadéquat pour s’initier à Eggers ?

Les animaux font de la figuration ici et là, mais c’est le thème de la destruction des illusions, de l’oppression sociale silencieuse, de l’absence d’ambition et de magie, qui parcoure tous ces textes. Par exemple, un couple d’anciens amis se retrouvent sur les plages du Costa Rica, sachant à l’avance qu’ils vont s’amuser, faire l’amour et se quitter. C’est exactement ce qui arrive.

Eggers aborde tous les sujets que les autres écrivains évitent parce qu’ils ne sont pas palpitants ; le devoir familial, l’insignifiant anecdotique, le conformisme, le quotidien, le néant identitaire et spirituel. Les mini-nouvelles sont intéressantes, car articulées autour d’une idée précise, mais le reste m’a fait bailler. Les personnages de ce livre se demandent ‘Pourquoi nous avons faim ?’ alors qu’ils ont tout…tout et rien en fait. Ils n’ont pas de raison de… vivre.

(lu en version originale)