Victoria Bauer !
de Xavier Deutsch

critiqué par Persée, le 18 novembre 2001
(La Louvière - 73 ans)


La note:  étoiles
Bonjour les filles !
Déjà le titre interpelle avec son point d'exclamation. Bingo ! Et on prend le tram pour une lecture non-stop jusqu'au terminus sans se laisser distraire par les BING pour les arrêts facultatifs.
Lionel, ado encore empêtré dans les jupes soyeuses de la Femme Idéale, a deux zamours : la photo et Victoria Bauer. Oui, Victoria Bauer ! La présentatrice du 20h à la télé.
Eh bien, cette belle des ondes va l'entraîner dans une quête initiatique où il devra surmonter sept épreuves qui l'amèneront à franchir en douceur le gué qui sépare la Femme Idéale de la femme réelle.
Et nous, nous en profiterons pour nous délecter des petits et grands mystères qui voilent l'âme féminine à nos yeux de mâles obtus.
C'est piquant comme un tacos, tendre et pétillant d'humour, avec des trouvailles narratives à déguster comme des bonbons acidulés, même si le style trouve son originalité dans une sorte de langage parlé qui envoie (un peu trop) souvent paître la syntaxe.
Y fleurissent aussi quelques bouffées d'exotisme sud-américain, une digression sur le rugby et enfin le récit d'une guerre italienne aussi improbable que clochemerlesque, tous ingrédients dont on se demande après coup s'ils étaient bien nécessaires à faire prendre la sauce.
A part ça, ouala, c'est cool et super-sympa, t'vois ! A offrir aux ados pour leur donner envie de lire. Les nénettes s'y retrouveront comme devant un miroir (qu'elles se rassurent : on ne violera jamais TOUS leurs mystères. On est trop cons pour çà). Les mecs qui consentiront à se déscotcher de leurs interminables tchatches risquent d'en apprendre des choses sur Alexandra, Aurélie, Caroline, Florence, Marie, Monica, Sandrine, Sigrid et autres petits cœurs de sardines prêts à bondir sur l'hameçon de l'âme sœur.
L'air du grand large 8 étoiles

Xavier Deutsch est l'un des seuls écrivains de langue française qui nous fasse respirer l'air du grand large. Ses maîtres en écriture sont London (Jack, pas Arthur !) et Rimbaud. C'est vrai que, çà et là, le garçon laisse un peu trop sentir qu'il est doué et cède à la facilité : le mieux est parfois l'ennemi du bien. Mais bon, c'est baroque, c'est généreux, il y a une écriture (ce qui, de nos jours, est rarissime), un ton, de la fantaisie et beaucoup de coeur. Très belle critique de Persée.

Eric B. - Bruxelles - 57 ans - 23 novembre 2001