Les hommes protégés
de Robert Merle

critiqué par CC.RIDER, le 25 novembre 2008
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Le jour où les femmes prirent le pouvoir
Une terrible maladie inconnue, l’encéphalite 16, frappe la plupart des hommes en âge de procréer en épargnant les femmes, les enfants et les vieillards. Comme l’Humanité ne dispose ni de vaccin ni de traitement, les hommes meurent par milliers. Les femmes les remplacent à tous les postes clés et prennent conscience de leur importance. Une présidente ultra-féministe, Sarah Bradford s’installe à la Maison Blanche et réorganise toute la société. Avec quelques savants triés sur le volet, le docteur Martinelli qui n’est pas loin de découvrir un vaccin contre la maladie, se retrouve enfermé à Blueville, une « zone protégée » qui permet aux chercheurs d’être à l’abri de l’épidémie mais les oblige à vivre dans un climat d’humiliation, d’angoisse et de brimades permanentes. Le féminisme de Bradford apparaît comme un machisme à l’envers et est loin de ne faire que des heureuses. Pour elle, l’homme n’est qu’un subalterne, une sorte de sous-humain ou de semi-esclave tout juste bon à être castré ou à donner son sperme pour les banques de reproduction artificielle.
Livre passionnant et toujours d’actualité, « Les hommes protégés » pousse le féminisme jusqu’à ses limites les plus extrêmes, montre qu’il peut générer une société totalitaire, inhumaine, puritaine et digne des pires excès nazis. Avec finesse et intelligence, Merle aborde le problème des rapports de pouvoir entre les sexes, de l’eugénisme, des manipulations génétiques et de l’instinct de maternité ou de survie. L’étude psychologique est d’une grande qualité, les personnages attachants et crédibles et l’intrigue pleine de surprises et de suspense. Merveilleusement écrit, ce texte, qui n’a pas pris une ride, se dévore littéralement. Un excellent bouquin d’anticipation par l’auteur de « Malevil », « La mort est mon métier » et « Fortune de France ».
Actuel 10 étoiles

Dans la situation de confinement que l'on vit j'ai été déçu que les différents "spécialistes"littéraires des radios se soient focalisés sur "1984" de Orwell et que je n'en ai entendu aucun sur ce livre de Merle qui est intéressant à relire actuellement!

L'Ankou - Levallois - 79 ans - 31 décembre 2020


Merle pas conteur mais donne à réfléchir 7 étoiles

Si on vient de lire Robert Merle comme c’est mon cas (Malevil, l’Île...) on sait que Robert Merle est un formidable conteur.
Ici, changement de ton; le récit à la première personne va moins bien à l’auteur à mon avis et la qualité d’écriture est légèrement moindre, l’action est aussi parfois loin d’être captivante.
Le fort de Robert Merle reste les personnages et les nombreux thèmes abordés; ici, le livre donne à réfléchir (et surtout si l’on est un homme, j’imagine que le processus d’identification au Dr Martinelli n’en est que plus efficace...)
Récit assez plausible, plein de réflexions profondes et intéressantes, sur nos rapports au sexe, aux genres et à l’identité de genre. Peut-être pas le plus passionnant de Robert Merle.

Waitforspring - - 30 ans - 21 juillet 2019


neutral analysis 2 10 étoiles

Elle est intéressante votre critique, Rider, même si cette oeuvre ne ressemble pas à ce qu'a pu faire auparavant Robert Merle.

De plus le clairon beauf qu'on entend bien souvent à propos de cette histoire, est, bien entendu; de la taxer de préférence de machisme aggravé:

Il n'en est rien, d'autre part, il est évident que ce livre récent, très cinématographique, et plutôt aisé à lire, sonne scrupuleusement réaliste pour qui vit quelque peu dans le monde d'aujourd'hui.

Notons, par exemple, comment le personnage principal de Martinelli inquiète autant la planète pour ses qualités, autant d'ailleurs que pour ses tares.

Antihuman - Paris - 41 ans - 5 octobre 2011


sex equality 7 étoiles

J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce roman de politique-fiction et qui prouve encore une fois que Robert Merle peut s'attaquer avec bonheur à beaucoup de genre littéraire. Fidèle à lui-même, Robert Merle nous propose un récit enlevé et vif, avec comme toujours une solide trame narrative qui vous tient en haleine. Robert Merle a choisi de ne pas nous plonger au cœur de l'épidémie puisque le narrateur principal vit les évènements dans un camp coupé du monde, ce qui fait que l'aspect dramatique des décès et du chaos est gommé au profit de ce qui finalement intéresse particulièrement l'auteur : la relation homme-femme. On se délecte du jeu du chat et de la souris auquel le narrateur principal, bien malgré lui mais pas tout à fait, participe avec les personnages féminins du livre. Ce ton presque badin finit par gommer l'arrière-plan plutôt sombre, et le roman s'achève d'ailleurs de façon presque drôle.
Le tout forme une histoire bien moins pessimiste et noire que "Malevil" par exemple, et malgré ce ton particulier qui pourra déconcerter certains lecteurs et quelques petites facilités, "Les hommes protégés" vous procurera j'en suis sûr un excellent moment de lecture !

Fanou03 - * - 49 ans - 16 avril 2011