Théorie des après-guerres : Remarques sur les relations franco-allemandes depuis 1945
de Peter Sloterdijk

critiqué par Gryphon, le 19 novembre 2008
(Mexico DF - 59 ans)


La note:  étoiles
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La thèse de ce petit livre, en fait la version écrite d'une conférence, c'est que depuis l'après-guerre, les relations franco-allemandes sont caractérisées par un désintérêt poli. Autrement dit, des relations franco-allemandes, on n'en a (plus) rien à battre.

(C'est vrai surtout dans le domaine culturel et intellectuel. Un exemple tout récent: lors de l'attribution du prix Nobel à Le Clézio, le "pape" plus ou moins auto-proclamé de la critique littéraire allemande, Marcel Reich-Ranicki, a déclaré ne pas connaître le lauréat; dans des forums, pas mal d'internautes allemands en ont profité pour ajouter leur grain de sel sur l'air de "je connais pas, donc c'est forcément nul". Voilà où on en est.)

Cependant, Peter Sloterdijk est loin de s'offusquer de cette indifférence. Après les relations, disons, passionnelles qu'ont connues et subies les deux pays depuis au moins Napoléon, ce passage à une (comme il le dit) esthétique de la négligence s'est finalement révélée bénéfique pour tout le monde.

Sloterdijk nous conseille d'ailleurs - revoilà son ironie narquoise - de veiller à ce que les journaux n'envoient dans un pays comme dans l'autre que des correspondants dont on peut être sûr qu'ils vont ennuyer à mort leurs lecteurs. Ils garantiront ainsi l'amitié et l'harmonie entre les deux pays.