Les Années
de Virginia Woolf

critiqué par Veneziano, le 16 novembre 2008
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Saga familiale sur le temps qui passe
Le temps qui passe, la vie familiale et ordinaire sont des sujets de prédilections de Virginia Woolf, qui se déleste sciemment de toute intrigue. En l'espèce, l'évolution sociale de l'Angleterre de 1880 à 1996 sert de fil directeur, de long fleuve à cette saga familiale étalée en triptyque, sur trois générations.
Volubile et peu avares en détails de la vie intérieure, tant au plan familial que psychologique, sont ici livrées au lecteur les pensées et introspections des protagonistes, au gré de leurs relations, turpitudes, et des conditionnements extérieurs.
Cette oeuvre est globalement fine, sensible, mais finit, à mon goût, par lasser, faute de liant ou d'événement fort, outre le lien familial tissé entre les personnages, en sus que cela traîne un peu en longueur. Proust analyse plus encore psychologiquement et fait entrer davantage de données sociales, culturelles, et même politiques, ce qui est moins le cas ici. La comparaison me vient à l'esprit, car les deux auteurs ont un même goût et un même souci du détail, tous deux plaçant leur action dans un univers choral et familial. A mon goût, Proust arrive mieux à tenir en haleine.
Lecture du temps 6 étoiles

Une lecture insolite, à la fois grandiose dans ses descriptions, sa saisie des ambiances... et décalée par les pensées des protagonistes et la narration décousue. Cependant, elle m'a laissé une impression de grand moment de littérature car l'auteur réussit, par exemple, merveilleusement bien à nous faire ressentir le temps qui passe entre temps personnel et temps de l'Histoire. C'est aussi une de ces lectures qui demande de la lenteur, du calme, qui exige que nous nous posions: c'est une qualité qui fait si souvent défaut actuellement qu'il est bon de s'y abandonner.

Echo - Aquitaine - 46 ans - 2 octobre 2013