Arkansas
de Pierre Mérot

critiqué par B1p, le 13 novembre 2008
( - 50 ans)


La note:  étoiles
truculence en déshérence
De Mérot, j’avais beaucoup apprécié « Mammifères ». Je ne m’étais d’ailleurs pas gêné pour le dire à l’époque dans les pages de votre excellent site internet.
Très curieusement, je citais déjà Houellebecq comme auteur apparenté, tout en louangeant l’écriture de Mérot, beaucoup moins lourde que celle de son compatriote.

Alors imaginez mon étonnement, et dans une mesure certaine, ma déception, quand j’ai constaté après quelques pages que l’auteur des « Particules Elémentaires » était en fait le héros du roman. Bien sûr, le personnage central d’ « Arkansas », autour duquel tous les autres gravitent (dont "Traum", le clone de Mérot), est affublé d’un autre sobriquet (François Court), mais il n’y a pas de doute possible !

Ce ne serait pas grave s’il n’était qu’un personnage parmi d’autres, mais contre toute attente, Traum / Mérot, au lieu de vampiriser Houellebecq, se fait happer par les obsessions de ce dernier, au point de charpenter un récit digne de lui, au point même d’écrire par endroits de sa façon appuyée, pataude et dénuée d’humour.

Si l’on aimait Mérot, c’était pour sa capacité à occuper la place de Bukowski français rigolo. Hélas, avec Arkansas, les meilleurs moments d’humour caustique sont gâchés par l’obsession « à la manière de Michel Houellebecq ». Et je ne parle même pas de l’histoire qui sent à plein nez le réchauffé de « la Possibilité d’une Ile », avec son gourou, l’écrivain François Court lui-même, qui fonde sa secte au milieu du désert espagnol avec son culte du sexe et de la nouvelle Humanité.

Et ce ne sont pas les quelques héros truculents à la sauce Mérot qui sauveront le tout du naufrage : un règlement de compte littéraire fait rarement un bon roman.