Le dernier rêve de la raison
de Dmitri Lipskerov

critiqué par Missef, le 12 novembre 2008
( - 58 ans)


La note:  étoiles
Un rêve terrible et merveilleux à la fois
Ilyassov est vieux, mal-aimé et poissonnier. Son métier, c’est tout ce qui lui reste, c’est toute sa vie. Il les aime, ses silures ! Mais celle qu’il aime par-dessus tout, c’est la jolie Aïza, qui sent si bon. Ils se retrouvent, puis se perdent, puis se retrouvent, puis se perdent à nouveau, puis…

Sinitchkine est policier, marié à une femme aimante et attentionnée, qui lui applique un onguent sur les cuisses, car il a un problème… de cuisses ! Eh oui, elles enflent, puis elles dégonflent, puis enflent à nouveau, puis dégonflent, puis…

Mykine et Mitrochkine sont deux ratés à l’affût de tous les coups (surtout des mauvais), prêts à tout (et même à tuer) pour s’en mettre facilement plein les poches. Ils sont alliés de fortune, puis se battent, puis s’allient à nouveau, puis…

Vous voyez mal où peut se cacher le « dernier rêve de la raison » dans cette palette bigarrée ? C’est que j’ai omis de préciser que cette histoire est tout sauf ordinaire, contrairement à ce que mon introduction sommaire des personnages principaux pourrait le laisser croire. Elle est extraordinaire, elle est merveilleuse, cette histoire, à tous les sens de ces deux termes. Elle vous séduit, elle vous emporte dans un monde hors du commun.
Peuplé de personnages à priori ordinaires, voire minables, ce « rêve » aurait pu n’être qu’un cauchemar, et pourtant c’est bel et bien un plaisir de le parcourir, d’une seule traite, comme les meilleurs polars.
Missef
Un livre absolument stupéfiant 10 étoiles

L'intrigue du livre se laisse difficilement résumer, car à partir d'une amorce réaliste, elle devient fantastique. Disons : un pauvre vendeur de poisson est condamné à subir une série de métamorphoses au cours desquelles il retrouve, puis perd à nouveau son grand amour. Ces métamorphoses s'insèrent dans une intrigue policière cocasse, le flic étant un certain Sinitchkine, un peu crétin, dont les grosses cuisses jouent un rôle surprenant.
On rit, on grimace, on est ému et l'on se laisse emporter dans une intrigue qui jamais ne vous lâche, mais au contraire vous conduit d'une main de maître vers des profondeurs de réflexion insoupcçonnées. A lire sans hésiter.

Marchris - - 55 ans - 25 février 2010


Un livre extraordinaire ! 10 étoiles

D’un événement stupéfiant à l’autre, Lipskerov dépeint comme en passant la réalité ordinaire de la Russie actuelle, d’une noirceur répugnante que seul l’humour rend tolérable.
Le roman se laisse lire à plusieurs degrés : le premier est propre à captiver le grand public, reposant sur un récit à suspense haletant qui fait qu’on a du mal à lâcher le livre avant de l’avoir fini ; le second correspond à l’humour, aux références culturelles et à la critique implicite du réalisme qui s’y déploient ; le troisième est d’ordre philosophique et mystique, où se révèle une pensée foncièrement originale.

André Donte - - 79 ans - 8 décembre 2008