La mort de Don Juan
de Patrick Poivre d'Arvor

critiqué par Dirlandaise, le 10 novembre 2008
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Très beau et émouvant !
Premier livre que je lis de Monsieur Poivre d’Arvor et je dois dire que j’ai été éblouie par la belle écriture. Pour le sujet, il m’a plus ou moins intéressé mais l’écriture rattrape le tout pour en faire un très bon livre finalement.

Victor Parker est un comédien de profession qui joue au théâtre. Grand admirateur de Byron, il s’identifie beaucoup à son héros. Victor est âgé de cinquante-cinq ans. Il se sait atteint d’une tumeur au cerveau inopérable et se meurt. Il raconte sa vie, ses amours surtout qu’il a eu nombreux, ses enfants dont plusieurs décédés en bas âge, les rencontres marquantes de sa vie, ses passions enfin tout quoi !

C’est un livre assez confus et souvent j’avais peine à suivre l’idée de l’auteur et faire le lien entre tous ces souvenirs, ces réflexions, ces rêves et ces regards sur la vie du héros. Certains chapitres oscillent entre le rêve et la réalité et on ne sait pas très bien démêler le réel de l’imaginaire. Cela pourrait irriter mais non, c’est doux comme écriture, c’est tendre, lisse et caressant. C’est un hommage à Lord Byron et aussi à Mary Shelley, l’auteure de Frankenstein que tout le monde connaît. Le personnage de Victor est tragique quand il nous relate ses souvenirs. Il a eu une vie remplie de malheurs de toutes sortes, de mauvais coups du sort mais aussi parfois d’éphémères bonheurs. Il a beaucoup aimé mais a-t-il lui-même été aimé ? Il se sait rendu au bout de la route et on assiste à sa lente acceptation de la mort, à son ultime adieu à la vie et à tous ses plaisirs. La fin est sublime de beauté et vraiment émouvante. Un beau récit d’une vie qui n’aura servi à rien selon Victor qui accueille la mort comme une véritable délivrance et la fin de ses souffrances terrestres. Très beau !

« Pour moi, l’ivresse du bonheur, c’est le deviner derrière les nuages, au-delà des montagnes. J’ai alors envie de les gravir, sans fatigue, en sachant qu’au bout du chemin il y a encore une vallée, qu’il faudra redescendre avant de remonter, l’œil fixé sur un inaccessible ailleurs. J’aime les horizons qui se dérobent, j’aime l’amour quand il scintille et qu’on le poursuit en vain. J’aime cette idée du chasseur de papillons qui n’emprisonnera jamais ses trésors mais qui y croit encore. J’aime l’impalpable, la quête du bonheur plus que le bonheur lui-même. »

« Les célébrités que j’avais été si fier de rencontrer me semblaient maintenant dérisoires. J’étais las des dîners aux chandelles, du champagne dans les coupes de cristal, des domestiques empressés et ironiques, des aubes grises où coulent les maquillages et où s’effacent les sourires de commande. »