Huit jours en été
de Patrick Cauvin

critiqué par Tistou, le 10 novembre 2008
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Voyage en Inde
Belle histoire que ces « Huit jours en été », écrite en 1979.
Imaginez un français moyen, Jean-François Varnier, animal de bureau besogneux, plus très heureux dans sa vie familiale, avec Simone sa femme - dont il a apparemment épuisé tous les charmes depuis longtemps - et trois grands enfants qu’il ne comprend plus trop.
Imaginez que ce soit l’été, l’époque des vacances, et que, comme tous les ans, la famille Varnier migre avec sa caravane vers un camping de l’Atlantique … Et que notre Jean-François ait horreur de ça ; la promiscuité, la vacuité de ce genre de lieu et de vacances … Bref, un abîme de désespoir s’ouvre devant lui quand, à peine arrivé, un télégramme lui parvient, de son fils aîné, qui lui lance un appel au secours depuis l’Hôtel-Dieu à Paris. Ce fils, un peu le vilain petit canard de la portée, est du genre voyageur impénitent vers l’Inde – Népal et autres asiatiques destinations. Trop heureux d’échapper quelques jours à l’enfer du camping familial, Jean-François se « dévoue » pour porter secours au fils. Il croyait pouvoir passer quelques jours de solitude béate à Paris. Il se retrouve sollicité par son fils pour se rendre en Inde demander la main d’une jeune femme dont il est tombé amoureux. Notre Jean-François qui n’a rien d’un baroudeur tergiverse … et part (he oui sinon il n’y aurait pas de roman !). Fin du premier acte.
La suite est une petite merveille du choc qu’un européen moyen ressent lorsqu’il débarque ainsi en Inde. Et là, à Benares pour être précis. Je le sais pour avoir effectué ce genre de voyage à la même époque. Et Patrick Cauvin restitue très bien toutes ces bouffées d’émotions qui vous assaillent là-bas, ces langueurs, ces stupeurs, … ce bonheur ! Bien entendu, c’est un peu plus compliqué ici puisque Sanandra, la jeune femme en question, s’avèrera plus complexe et mystérieuse que ce que Jean-François pouvait imaginer. Notamment, il ne pouvait imaginer qu’il en tomberait amoureux …
Bref, nous avons là un roman sur l’Inde, sur un amour hors du temps, et c’est joliment tricoté. Dommage que la fin paraisse alambiquée et bizarrement découpée. Comme si Patrick Cauvin avait voulu rallonger la sauce pour faire « huit jours », avec des escapades en forme de cartes postales vers Agra, New Dehli, … Là ça fait un peu forcé. Mais la trame globale et le passage à Benares, ville magique s’il en est, est un vrai bonheur.
8 jours en été 8 étoiles

"8" jours (10 en fait!) décapants dans la vie d'un quadragénaire français à morne quotidien qui se retrouve parachuté aux antipodes (dans tous les sens du terme!) de sa vie routinière, triste et sans amour...
Un roman agréable, bien construit et non dénué d'humour. Un beau voyage en Inde offert par là-dessus à tous ses lecteurs !
Rythme des phrases saccadé, décousu parfois, mais cohérent dans l'ensemble, dessinant au final un portrait réussi d'impressions de voyage. Cauvin semble ici inventer l' "impressionnisme romanesque"!
Dommage que la fin, un peu abrupte laisse en bouche le goût aigrelet du désenchantement amoureux et des désillusions humaines...

Cedem - - 60 ans - 3 janvier 2012