Comme ton père
de Guillaume Le Touze

critiqué par Bluewitch, le 16 novembre 2001
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Un peu déçue...
On ne peut pas dire que Guillaume Le Touze écrit mal, qu’il n'y a pas d'originalité dans les idées qu'il exploite. mais voilà, malgré (ou à cause de, c'est selon) l’étiquette prix Renaudot, je n’ai pas vraiment été transportée par ce roman.
Il y a quatre narrateurs dans ce récit : Paul, Emma, son aïeule, Giuseppe, son fils et, enfin, Claudia, son ex-femme. Paul a quitté la France pour l’Afrique et loge au sein des grottes de Massitissi où de nombreux missionnaires dont ses ancêtres se sont réfugiés pour échapper à la violence des Boers. Séparé de sa femme pour un homme, il avait également abandonné ce dernier sans vraie raison. Isolé dans les grottes qui ont abrité le bonheur de ses aïeux, il attend avec anxiété ce fils qu'il n’a plus vu depuis des années et qui, atteint d’une grave maladie, à l'article de la mort, veut vivre ses derniers instants auprès de ce père auquel il s’est identifié d’une certaine manière. De son côté, Claudia, mère délaissée et malheureuse dans sa nouvelle vie malgré un deuxième mari aimant, aura également sa part dans l'histoire.
Entre parenthèses, le journal intime d’Emma, l’ancêtre de Paul, mère d’une famille nombreuse et épouse d’un fervent missionnaire. Elle nous décrit l’Afrique et sa vie heureuse mais semée d’embûches dans les grottes de Massitissi.
Difficile de dresser la trame de ce roman qui se lit et s’assimile de manière différente selon la personne qui s'adresse à nous. J'ai eu quelque peu du mal à voir où ce récit me menait. L’écriture est de qualité, mais c’est comme si elle hésitait à nous porter les émotions qu'une histoire à ce point tragique véhicule. On la sent réticente. Enfin ! Ce n'est peut-être qu’une impression qui a parasité ma découverte du livre.
Je n’ai peut-être pas commencé par le Guillaume Le Touze qui convenait mais je ne doute pas qu’il soit un bon écrivain et ne pas avoir vraiment accroché avec ce roman-ci ne m’arrêtera bien sûr pas…
Se dire : quel travail!... 8 étoiles

Encore un Guillaume le Touze tout en finesse…
Je ne tenterai pas un résumé, celui de Bluewitch convient parfaitement.
Par contre, l'ayant perçu différemment, voici quelques nuances…
On dirait que chaque personnage est à la recherche de soi, à travers la confrontation avec l'autre.
C'est ce qui m’a séduite ici.
Cela peut se traduire par une lettre qu’on envoie à un ami quitté il y a dix ans.
Lettre où l'on tente, non pas de refaire le passé, non pas de l'analyser, mais de se raconter à travers les événements déroulés pendant ce laps de temps.
Se dire, mettre des mots sur ses propres pensées et attitudes dans un mouvement d’introspection tout sauf nombriliste et déposer le résultat aux pieds de l’Autre.
Cet Autre auquel on retourne aux moments délicats.
Cela peut être aussi un fils qui, se sachant condamné par la maladie, reprend contact avec son père.
Père qui, il y a bien longtemps, a quitté le domicile conjugal/familial pour un autre homme et vit à présent quelque part en Afrique.
Ici, effectivement Bluewitch, on peut parler de retenue.
Sentiments pudiques, relation ébauchée par des mots économisés et pourtant quelle force émane de ces retrouvailles…
Ou alors, une ex-femme qui, après un long silence, va tenter de renouer avec son fils en prenant l'avion pour l’Afrique.
Il y est allé lui-même pour apprendre à connaître son père.
Et oui, ils cherchent tous la même chose, les personnages de ce livre : se trouver dans le regard de l'Autre.

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 10 avril 2003


belle critique ! 6 étoiles

Je sors mon encensoir et (bien que ses émanations m'indisposent habituellement), je l'agite par trois fois, m'incline et te dis, ô Bluewitch (en espérant que l'encens ne fait pas fuir les "witches") : à quand le prix Renaudot de la critique ?

Persée - La Louvière - 73 ans - 25 novembre 2001