Expérience
de Martin Amis

critiqué par Béatrice, le 2 novembre 2008
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Tel père, tel fils
Martin Amis nous propose des fragments autobiographiques et une évocation de son père, l’écrivain Kingsley Amis. Un grand zapping, un millefeuille, un jeu de cache-cache. Au bout de 500 pages émerge le portrait d’Amis père, mais assez peu sur Amis fils. Pas d’approche chronologique ni de suite dans les idées. Des digressions à l’effet hypnotique, des notes en bas de page et surtout des références livresques. Une overdose de références livresques dans la deuxième moitié, un vrai défi au lecteur. Si vous êtes perdu, rapportez-vous à l’index, vous y trouverez les thèmes, les personnages et les auteurs abondamment cités.

Haut en couleur et empreint de tendresse – tel est le portrait du père. Un type angoissé et vulnérable, alcoolique et coureur de jupons, conservateur voir réac et pourtant innocent. Une vraie complicité règne dans leur tribu malgré les ruptures. Des mœurs flower-power, des jolies photos de famille en noir et blanc ( sur la couverture de l’édition britannique on voit la photo du gamin à la cigarette). Amis père a laissé un grand vide après sa mort. On dirait que le dernier tiers de cette œuvre a servi d’exutoire après sa disparition. Mais si on attend des révélations sur le rapport père écrivain – fils écrivain on reste sur sa faim.

Deux autres thèmes reviennent constamment au fil des pages : les arrachages de dents catastrophiques et la disparition tragique de la cousine Lucy. Parfois cela fait l’effet d’une douche froide. Et s’il y a de l’humour, c’est souvent l’humour du désespoir. En refermant le bouquin je ne sais pas si j’ai aimé ou non, il me faudrait du recul. Allez, je vais prendre un bon vieux JP Dubois pour me reposer.