Art de foutre en quarante manières
de Anonyme

critiqué par Smokey, le 2 novembre 2008
(Zone 51, Lille - 38 ans)


La note:  étoiles
La nostalgie du libertinage en 1833
Mineurs et âmes prudes, abstenez-vous...
Dans le sillage de la Révolution, l'ordre et la morale restaurés au XIXème pourchassent les oeuvres trop libres du siècle précédant mais entretiennent ainsi la nostalgie d'un Ancien Régime libertin. C'est ainsi que cette brochure voit le jour en 1833. Chaque position amoureuse est décrite et figurée comme dans un article d'une planche de l'Encyclopédie.

La conversation ne vous intéresse pas. Vous êtes un bon vivant. L’amour vous fait rire et vous n’êtes choquable en rien. Pis, votre couple bat de l’aile. Vous vous ennuyez avec votre chère et tendre, vous pensez que tout est épuisé et qu’il vous faudra bientôt aller voir ailleurs. Patientez un peu. La Science pratique de l’amour va vous donner des idées. De ces "Quarante manières de foutre dédiées au clergé de France" et publiées au Temple de la volupté, vous connaissez à coup sûr quelques-unes. Mais le plaisir sera plus grand encore lorsque vous en saurez les différentes dénominations, rimant avec autant de subtiles variantes. Ainsi, ce que vous appelez vulgairement "levrette" se déclinera délicieusement en "jument du compère Pierre", "rebours de la Chine", "sentinelle" ou "clystère gaillard". Pratiquez-vous déjà la quarantième façon, réprouvée par l’Eglise et dite "rocambole de Milan" ? La seizième manière vous permettra de trouver le "moyen de trouver toutes les femmes jolies, ou le pouvoir d’un beau cul". Quant à "la bonne ménagère", elle est idéale pour concilier vie sexuelle conjugale et tâches familiales sans tomber dans les excès de la "Pimont-vit-couilles, ou ça ira" ou dans les complexités "des caprices de l’abbé M.", encore appelés "tape-tape". Tout cela est un peu gaillard, sans doute, mais le langage est celui de l’époque. La guillotine frappe vite. Il faut se dépêcher de jouir. Des années plus tard, on a oublié les coquetteries languissantes des petits maîtres de l’Ancien Régime. "Foutre" n’est pas "mignardiser" ou "badiner" : c’est un appel à la mobilisation des énergies qui renouvelle à chaque instant l’émotion populaire. Pour preuve, chacune des positions est accompagnée de son descriptif et de sa chanson aux accents souvent patriotiques. Non contents de renouveler votre stock de positions amoureuses, vous satisferez de surcroît les oreilles de votre amie et enrichirez la culture populaire.

Ce petit manuel farfelu qui met en scène les nouveaux acteurs populaires comme la couturière ou le pharmacien, mais aussi les bande-à-l'aise et les puceaux, vise plus à l'amusement qu'à un quelconque apprentissage...