Etrange et savoureux récit que celui-ci dont ne déplore qu’une chose : qu’il ne soit pas plus long !
L’auteur nous raconte l’histoire d’une rencontre étonnante : elle se trouve dans son jardin en train d’écrire lorsqu’une dame d’un certain âge (plus de 80 ans nous apprendra le texte) apparaît de manière complètement incompréhensible sur une chaise longue en face d’elle.
Passé le premier étonnement, commence alors un discours violent et emballant, un véritable réquisitoire de cette vieille dame contre notre auteur. Tout y passe, le moindre défaut, les plus intimes secrets, les comportements inavoués, etc. Embarrassante aventure que celle-ci qui veut qu’un autre vous mette à nu et ne vous accorde aucune concession sur les erreurs de votre vie.
Magnifique texte avec cette apparition (est-ce un rêve ? La réalité ? La fin laisse planer le doute, cela ressemble à un songe, mais laisse des traces profondes dans l’esprit de Jacqueline Harpman) qui pourrait être notre inconscient révolté désireux de nous faire prendre conscience de ce qui est essentiel dans la vie. A travers le réquisitoire contre la narratrice, on apprend que celle-ci (comme presque chacun d’entre nous) s’inquiète avant tout de l’apparence que prend sa vie et de la manière dont elle l’a remplie. Accomplir de grandes choses, laisser des traces, se mentir de peur de reconnaître qu’on n’est pas parfait, voilà ce qui nous hante tous. Or finalement, le plus important est-il d’accomplir de grandes choses pendant sa vie ? N’est-ce pas plutôt d’être satisfait de sa vie, tout court, peu importe ce qui la compose. De même avec la personnalité. Ne vaut-il mieux pas savoir et accepter qu’on est un être minable ou méprisable ? Ou vaut-il mieux faire semblant d’être respectable et se voiler la face ?
Un texte qui remet les choses à leur place et nous pousse à réfléchir. Lecture incontournable !
Sahkti - Genève - 51 ans - 9 mai 2005 |