Lourdes, lentes
de André Hardellet

critiqué par Donatien, le 25 octobre 2008
(vilvorde - 81 ans)


La note:  étoiles
Les tribulations poético-érotiques de Stève Masson.
André Hardellet (1911-1974), écrivain français, principalement poète mais aussi auteur de chansons dont "Le bal chez Temporel", condamné en 1973 pour outrage aux bonnes moeurs suite à la publication de "Lourdes, lentes".

Le poète préfacier Pierre Seghers parle de la belle, pulpeuse et prodigieuse vie décrite par l'écrivain.
Hardellet est poète et farceur. Il commence son histoire par la plus célèbre des premières phrases soit : "Longtemps je me suis couché de bonne heure-----le matin! J'avais mes nuits, je les ai toujours, mais sans comparaison.

Poète et rêveur , il prévient : "Ils n'ont pas encore de machines à détecter les rêves subversifs, mais ça viendra : faisons-leur, en ce domaine, le plus large crédit".
Il prévient aussi le lecteur :" Je vais employer des mots sales. Le plus beau mot de la langue française (avec: loisir) est le mot CON. (Je m'en pourlèche. A chacune le sien, avec son parfum, son galbe, son sel, sa dentelle)

Il a également un compagnon qui le suit dans tous ses voyages; un grillon goguenard, mais qui disparaît dès qu'il tente de l'approcher.
Suit alors, la magnifique relation de ses rêves et d'abord de son initiation sexuelle par Germaine, alors qu'il avait 12 ans.

"A moi le survol des fougères d'enfance et des chemins de la terre buissonnière." La machine à rêver est déclenchée.
Plus loin , pour donner une idée du ton de ses rêves, il rencontre une jeune fille dans les champs ; "Une moissonneuse de Courbet, courbe, renflée, seule, bonne comme le bon pain, tiède , profonde et qui ne dira jamais NON".

Mais c'est l'initiatrice qui déclenche tout, toujours Germaine, lourde et lente " Ses seins. Deux obus qui vous sautaient au nez quand elle dégrafait..
On s'est embrassé comme du bon pain, debout, embrassé comme le vent et les feuilles, comme des chiens, comme à la fin du monde".

De plus, "elle devinait le blanc paradisiaque entre la promesse et l'objet".

Plus tard, comme adulte et connaîtra des hôtesses de l'air avec la même gourmandise.Particulièrement Vanessa, 35 ans, les sens las et lourds, des yeux d'ardoise. " à Amsterdam, ville où les filles vendaient contre quelques gulden, l'oubli de vieillir...".
Vous apprendrez à connaître "le casse-croûte du diable", "the devil lunch".
Stève est aussi collectionneur de labyrinthes, de sourires, et de marrons d'Inde.
Des rêves, des rêveries. Parfois même "rêver vrai".

Il termine son voyage dans une clinique d'amour où il rencontre Joyce. "Je la reçois comme une bombe de lilas frais en pleine figure".

A la fin, nous sommes à Paris au mois d'août. Du temps a coulé.
Il retrouve Germaine, mais en rêve. "Dans le rêve , nous nous souvenons du futur".

Ce type de texte reste malgré tout subversif puisqu'il prône (comme les surréalistes) l'importance des rêves et de l'amour. Il est rare de trouver cette qualité poétique dans les textes érotiques. J'en connais personnellement peu d'aussi réjouissants !
Je serais curieux de lire les réactions de lectrices. Je crois que cet hymne à la joie s'adresse à tous et à toutes.
Bonne lecture.