En quarantaine
de Jacqueline Harpman

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 15 novembre 2001
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Minuscule livret pour grandes idées
Cette critique sera brève, à l’image du livre (une cinquantaine de pages).
Une jeune fille de quinze ans (dans quelle mesure est-ce l’auteur elle-même ?) entretient une amitié philosophique avec une copine de classe, Henriette.
Elles ont rarement la même perception des choses, mais justement, là est l’intérêt car ce qu’elles aiment par-dessus tout, surtout la narratrice, c'est le débat d’idées.
Dénicher l'argument suprême, utiliser pleinement sa raison, c’est bien à cela que les professeurs les encouragent.
Oui mais voilà, la narratrice va s'apercevoir que tout n'est pas toujours bon à dire, même si l’assertion est le résultat d’un raisonnement irréfutable.
Car nous sommes en 1942, à Casablanca.
Le frère d'Henriette est au front.
Une dissertation à partir de la phrase de Péguy « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle & Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés » met le feu aux poudres.
Une vive conversation entre les amies calcinera en la narratrice toute illusion que la raison, la logique implacable, emporte nécessairement l'adhésion.
Ce livret se caractérise davantage par des accents philosophiques.
Jacqueline Harpman nous avait habitués à l'angle psy, la voilà qui ajoute une note à sa partition, pour le plus grand plaisir de nos oreilles…