Carmen Cru, Tome 5 : L'écorchée vive
de Lelong

critiqué par Hexagone, le 18 octobre 2008
( - 53 ans)


La note:  étoiles
La vieille.
Toujours aussi fringante la vieille Carmen Cru. Acariâtre, vous clouant le bec aussi sec et remontant sur son clou pour cheminer cahin-caha de son taudis à ses occupations les plus diverses.
Voûtée, courbée; mais ses idées sont bien droites. Vous ne l'enfumerez pas comme le premier bleu qui débarque. Foi de Carmen, elle nous enterrera tous.
Une bonne BD, désopilante, réconfortante, et puis j'ai le sentiment d'en croiser tous les jours des Carmen Cru.
Un personnage très fort . Sans cape, sans super pouvoir, mais les pieds bien ancrés sur le sol et droite dans ses bottes. Longue vie Carmen.
Un album soigné et très réussi 10 étoiles

Rien ne s'améliore dans la vie de la pauvre Carmen Cru, cette vieille dame indigne dont on se demande toujours s'il faut la plaindre ou la blâmer vu que son entourage semble aussi détestable sinon pire qu'elle. Elle tombe malade, refuse de voir un médecin, se soigne avec des plantes et se propose de « tous les enterrer ». Son idiot de neveu vient une nouvelle fois l'ennuyer. Il a mis enceinte une pauvre fille dont il n'a que faire. Il voudrait bien que Carmen se transforme en faiseuse d'ange. Elle refuse, elle ne mange pas de ce pain là, même en échange d'une lapine à moitié faisandée. Elle a de la morale, Carmen... Elle est même touchante quand elle veut réapprendre à jouer du piano avec un professeur de musique qui ressemble à G. Depardieu...
Un album soigné. Le graphisme est de grande qualité, tout en noir et blanc avec des traits fins et élégants et une atmosphère à la fois glauque et suintant la misère qui illustre parfaitement ces histoires en demi-teinte, à la fois tendres, humoristiques, mais également dures, tristes et désabusées. Une chronique douce-amère sur les ravages de la vieillesse et de l'égoïsme chez les petites gens. Plus qu'un simple humoriste, Lelong est un véritable moraliste social. Un album très réussi où l'on rit (jaune quelque fois) et où l'on réfléchit également. (Ne sommes-nous pas tous un peu comme ces personnages si peu fréquentables ?) « L'homme est un loup pour l'homme », disaient les Anciens.

CC.RIDER - - 66 ans - 2 avril 2011