Stark
de Edward Bunker

critiqué par Grass, le 18 octobre 2008
(montréal - 46 ans)


La note:  étoiles
les débuts
(Stark, 2005)
Rivages/Thriller, 2008, 192 p.

Edward Bunker s’est bâti une spécialité, peut-être bien malgré lui, dans la littérature du milieu carcéral. Auteur d’une trilogie où chaque titre comporte le mot « bête » et semble ne contenir rien de joli, il est mort en 2005, et Stark est son premier roman, que l’on a retrouvé peu après son décès.

Au moment d’écrire ce premier livre, Bunker, trente-trois ans, avait déjà séjourné quatre fois derrière les barreaux. Mais Stark n’est pas une histoire de prison, plutôt une histoire de ce qui y mène. Fasciné par les petits truands, Bunker y a consacré son premier essai en littérature.

Eddie Stark est un petit camé plutôt mal pris. Tenu de près en laisse par le sergent Crowley afin qu’il lui balance le nom de son fournisseur, Stark joue la comédie de tous les côtés, si bien qu’on ne sait jamais quelles sont ses réelles intentions. Il essaiera bien de trouver l’identité de ce mystérieux fournisseur qui trouve de l’héroïne de qualité supérieure à un prix plus bas que celui des dealers mexicains, mais serait-ce vraiment pour aller le dénoncer à la police? Il ne serait pas plus profitable de se débarrasser des indésirables et se partir une petite bizzness? Ça reste à voir. Il faut suivre Stark dans cette histoire, le problème, c’est qu’on en vient assez vite à se foutre de ce petit arnaqueur bidon.

Bien sûr, Stark n’a rien d’un grand roman. À part la connaissance de la rue, presque rien n’est maîtrisé. Les personnages se shootent tellement souvent que ça en devient déprimant, d’autant plus qu’on nous explique le procédé en détail, et pas juste une fois. Écrit quelque part dans les années soixante, ce premier roman de Bunker fait écho aux histoire de durs à cuire des années cinquante par son sujet et son traitement. Dur, brut, et bâclé.

Mais en soi, cette lecture n’a rien de profondément déplaisant. Ça reste quand même un roman de presque deux cent pages qui parle d’un petit bad-ass cheap. J’ai déjà lu pire. C’est juste qu’il n’y a rien de transcendant, et à moins d’être un fan de Bunker (moi j’en ai jamais vu encore, manifestez-vous si c’est le cas), il vaut mieux attendre la parution en poche que de payer 30 dollars pour cette histoire.
Pas si nul... 6 étoiles

J'ai attendu la parution en poche, et finalement je pense en avoir eu pour mon argent. C'est vrai que le "héros", toujours entre deux "fix" n'a rien d'attachant ; mais l'ambiance rappelle les vieux polars américains. Nostalgie peut-être.

Préface (par J Ellroy) et postface (par sa femme, donc sa veuve en 2005) éclairent bien la démarche de Edward Bunker, malfrat drogué qui cherche une porte de sortie dans l'écriture. Donc un peu plus que la stricte moyenne...

Tanneguy - Paris - 84 ans - 6 septembre 2010