Pastoralia
de George Saunders

critiqué par Grass, le 18 octobre 2008
(montréal - 47 ans)


La note:  étoiles
Grandeur et décadence de l'imagination
(Pastoralia, 2000)
Gallimard, La Noire, 2004, 193p.

George Saunders est un auteur que je ne connaissais absolument pas. Je me suis fait donner le livre, j’ai été tenté parce que je trouvais la couverture jolie, et voilà, je ne connais pas vraiment plus George Saunders maintenant, mais j’ai au moins lu un de ses livres.

Pastoralia (je déteste les mots en –ia) est un recueil de nouvelles qui a beaucoup de potentiel. Seulement, il manque d’ardeur. De mon point de vue, le genre littéraire de la nouvelle se divise en deux parties distinctes. D’une part, la nouvelle réaliste. Celle qu’on se dit que c’est donc vrai ce qui se passe dans cette histoire-là et qui finit pas de punch, parce que c’est quand même rare qu’on va se coucher le soir et qu’il y a un punch. D’un autre côté, la nouvelle fantaisiste, celle où tout, mais absolument tout peut se passer. C’est souvent dans ce genre de texte que l’on retrouve une fin rentre dedans, une fin qui fait refermer le livre et accuser le coup.

Saunders se situe un peu entre les deux genres. Il nous sert des histoires qui se passent dans un monde tel qu’on le connaît, sans pour autant être régi par les mêmes règles morales. Ainsi, la nouvelle titre présente deux personnages qui travaillent dans un parc d’amusement qui représente les grandes étapes de l’humanité. Eux, ils sont à l’âge de pierre, ne doivent parler anglais sous aucun prétexte, et reçoivent par une fente entre les roches la chèvre du jour à faire griller, parfois un message endiâblé des patrons expliquant les nouvelles coupures, et souvent rien du tout. On a souvent envie de donner une claque derrière la tête du personnage, de faire quelque chose pour qu’il se réveille, mais ou bien il est idiot, ou bien il vit dans un autre monde. En soi, je n’ai aucun problème avec ça, mais j’espère au moins que l’histoire se termine avec grand fracas, ou quelque chose du genre. Mais non, ça finit comme rien, on tourne la page et on se dit ben coudonc.

J’ai été plutôt déçu d’être déçu de ces nouvelles. J’espérais gros. Je sais pas, moi, découvrir un nouvel auteur favori, un génie que le public aurait passé à côté. Mais rien de tout ça. En plus de finir tout croche, les nouvelles sont souvent verbeuses au point où on en perd le fil. Heureusement, il y en a au moins une très bonne, Sea Oak, où le gars est serveur sexy et travaille pour faire vivre ses deux sœurs abruties, les petits et leur tante Bernie qui travaille depuis toujours chez DrugTown et qui est pour ainsi dire l’optimisme en personne. Puis tante Bernie meurt, et revient à la vie, et à ce moment, il n’est plus question de faire les gentils. Elle est bien déterminée à vivre la vie sexuelle qu’elle n’a jamais eue, ordonne aux deux toutounes de se trouver un emploi et à l’autre tata de montrer sa queue, pour les extras. Et pendant ce temps, tante Bernie perd des morceaux et se décompose.
Elle était bonne, celle-là.
Mais bon, le reste l’était pas.