Le sang nouveau est arrivé : L'horreur SDF
de Patrick Declerck

critiqué par Donatien, le 3 octobre 2008
(vilvorde - 81 ans)


La note:  étoiles
Bientôt de saison!
Le sous-titre donné par l'auteur est "L'horreur Sdf".

Patrick Declerck avait déjà traité le sujet des Sdf et des pauvres dans la collection Terre Humaine et qui portait le titre "Les naufragés". Il y montrait déjà une grande compassion avec ces personnes vivant dans la rue ou dans les refuges français. C'était paru en 2001.

En 2005, il récidive mais pas par une enquête et une analyse du phénomène, mais par une éruption de colère et de dégoût par un pamphlet à propos de l'indifférence sur la condition précaire de ces populations en dehors des périodes hivernales.
Il va même jusqu'à prétendre que par-delà la compassion, les Sdf seraient consciemment ou inconsciemment, objet de la haine et de la vindicte publique!!!!!
Pour deux raisons :

1) Ces gens échapperaient à l'obligation du travail! Et ce privilège-là, est aux yeux des esclaves volontaires que sont les passants, intolérable
2)Le clochard, de par sa souffrance illustre la terrifiante vérité de la société. Il témoigne du fond des choses : c'est qu'il n'existe pas d'alternatives viables au canon de la bonne normalité.

Il a joute que cette critique s'adresse aux systèmes ,non aux personnes qui les composent.

Et tout le monde en prend pour son grade :

La presse : "Novembre... Les journalistes guettent le thermomètre. Attendent les premiers morts... Le Saint Beaujolais (d'où novembreà met d'accord entre eux tous les fidèles. De tous ces gosiers démocratiques s'élève un même rugissement assassin et jouisseur... Le sang, le sang nouveau est arrivé..."

Le peuple : "Ça pense pas le peuple. C'est abruti, comme du bétail. Ça dit tout. Ça veut tout. Ça vote tout et son contraire, le peuple...... Faut pas le dire, c'est un secret!!!!!

Soeur Emmanuelle : "Me voici devant une question paradoxale : en Europe et dans les pays riches, on n'arrive pas à jouir de la vie, alors que chez les plus pauvres, on est épanoui et chaque minute apporte la simple joie d'exister!.."..... Voilà la maladie chrétienne, l'inversion chrétienne! Plus est moins. Moins est plus.

Il propose des débuts de solution : "Un revenu minimum d'existence. Un vrai droit de l'homme pour tous les hommes. Le droit d'exister a minima, certes, mais décemment.
Bannir pour toujours l'inouïe violence infligée à ces errants de force, à ces sans-abri contraints. Il faut que la loi rende illégale la mise à la rue!

Il y en a comme cela pendant 91 pages! Du concentré, de l'acide, du feu, du dégoût, mais surtout de la colère. Le tout sur le ton du pamphlet et avec quel talent!
On en sort bien décoiffé, devant son petit miroir!

L'hiver approche.